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L’AJOUT DE VENTILATION AUX VACHES TARIES, UN INVESTISSEMENT PAYANT!

by Aryann Denis
LACTECH_Veronique Bouffard_reduit-carré

VÉRONIQUE BOUFFARD, agr., M.Sc
Conseillère en production laitière
Lactech inc

Nos étés sont de plus en plus chauds et humides et les vaches dans nos étables sont de vraies championnes olympiques. Il est donc primordial d’assurer une bonne ventilation afin de diminuer l’impact du stress de chaleur sur nos animaux.

Nous savons depuis plusieurs années que le stress de chaleur a un impact néfaste sur les vaches en lactation. Les effets que l’on remarque habituellement sont une baisse de la consommation volontaire de matière sèche (CVMS), ainsi qu’une baisse du rendement en lait et en gras. Cet impact néfaste sur la productivité d’un troupeau est facile et rapide à constater simplement en regardant la production de lait au réservoir. Maintenant, questionnons-nous sur l’impact du stress de chaleur sur nos vaches taries.

Lors du Rendez-vous laitier AQINAC du 23 mars 2022, une conférence du Dr Geoffrey E. Dahl de l’Université de la Floride a été présentée sur ce sujet. Dr Dahl a étudié les différents impacts liés au stress de chaleur subi par les vaches taries et en fin de gestation, comme illustrés ci-dessous.

Le premier impact observé était la production de lait après le vêlage des vaches. Celles qui avaient été en situation de stress de chaleur pendant le tarissement, c’est-à-dire, ayant été taries durant les mois d’été (juin, juillet, août), avaient une production de lait inférieure d’environ 450 kg à 500 kg lors de leur lactation suivante comparativement au groupe de vaches ayant été taries durant les mois d’hiver (décembre, janvier, février). En effet, une méta-analyse regroupant les résultats de recherche de 14 études différentes effectuées entre 1982 et 2021 a démontré une augmentation de production chez les vaches ayant été rafraichies durant le tarissement. Dans le graphique ci-dessous, les bâtonnets noirs représentent les groupes de vaches rafraichies et les bâtonnets blancs, les vaches ayant subi un stress de chaleur durant le tarissement.

Ces effets se font même ressentir sur l’incidence de maladies métaboliques et les performances reproductives des vaches. Peu importe le moment où la vache sera en stress de chaleur durant les 2 mois de tarissement, il y aura un impact négatif pour l’animal. Une étude de Fabris et coll. publiée dans le Journal of Dairy Science a démontré que le stress de chaleur à n’importe quel moment diminuait la durée de la gestation, ainsi que la durée de la période de tarissement de façon significative (P<0,05).

UN IMPACT NÉFASTE AUSSI CHEZ LES VEAUX ET GÉNISSES À NAÎTRE

Lors de sa conférence, Dr Dahl a aussi démontré que le stress de chaleur subi par les vaches taries avait un impact négatif sur leur descendance, soit votre future relève laitière. En effet, les veaux à naître de ces vaches seront plus petits à la naissance et auront un moins bon développement durant les premiers mois de vie, ce qui en résultera par un gain de poids et un poids au sevrage inférieur. Le stress de chaleur in utéro affectera aussi l’absorption des anticorps par le veau lors de la prise du colostrum. Puisque le système immunitaire des veaux est « inefficace » à la naissance, et que la capacité des veaux à se protéger contre les maladies passe par une bonne absorption des immunoglobulines (IgG), une réduction du stress de chaleur chez nos vaches taries aidera aussi à produire des génisses plus fortes et en santé, pourvu que la gestion du colostrum soit adéquate.

Les effets du stress thermique in utéro sur les animaux de remplacement ne s’arrêtent pas au sevrage des veaux. Une étude de Monteiro et coll. (2016) a démontré que l’impact négatif pouvait s’observer sur plusieurs paramètres, tels que le poids vif des génisses à la puberté, la réforme durant la période d’élevage, la survie à la première lactation, les performances de reproduction et la production de lait lors de la première lactation. On peut ainsi observer dans le graphique ci-dessous que les primipares descendant d’une vache ayant subi un stress de chaleur au tarissement produiront significativement moins de lait. Laporta et coll. (2020) ont obtenu des résultats similaires. Ils ont démontré que la production à vie des filles ayant subi un stress de chaleur in utéro était inférieure, allant jusqu’à -3,9 kg lait/vache/jour rendu en 3e lactation.

En conclusion, lorsqu’on regarde l’ensemble des effets du stress de chaleur, il est important de discuter de ventilation avec les conseillers qui travaillent avec vous à la ferme. Même dans un climat nordique comme celui du Québec, les répercussions néfastes des étés chauds et des canicules de plus en plus présentes peuvent avoir un impact économique sur la santé financière des entreprises d’ici. En prenant le temps de bien évaluer l’efficacité de la ventilation dans vos installations, vous parlerez aussi d’avenir!

TÉMOIGNAGE

En 2021, les gestionnaires de la ferme D.R. Touchette située à Sainte-Françoise-de-Lotbinière ont décidé d’investir sur l’ajout de ventilation dans leur étable. Au départ, l’objectif était d’améliorer le bien-être des vaches et des producteurs afin que les tâches quotidiennes soient plus agréables à réaliser en période estivale.

L’étable était déjà dotée d’une bonne ventilation tunnel, mais avec les plafonds hauts, la circulation d’air était déficiente entre les vaches et dans l’allée entre les deux rangées de vaches. L’air utilisant toujours le chemin le plus facile pour se déplacer, celle-ci circulait entre le plafond et le dessus des vaches.

Au début juin 2021, l’achat et l’installation de 6 ventilateurs de recirculation « IEL Artex » ont permis d’améliorer grandement la ventilation de l’étable. Cet investissement a été rentabilisé assez rapidement. 

En effet, Richard Touchette a fait un investissement avoisinant les 8500$ et, seulement pour les 3 mois de chaleur estivale (juin, juillet et août), l’augmentation des livraisons de lait a rapporté un revenu supplémentaire de 19 137$ comparativement aux autres années, sans oublier que cette augmentation de production a permis de combler les journées de production supplémentaires qui avaient été émises par les PLQ. C’est un retour sur l’investissement de 2,25 pour 1. Ici, il est important de mentionner que cette augmentation de production de lait a été faite avec les mêmes installations, le même nombre de vaches et une ration RTM similaire, soit composée d’ensilage de maïs, d’ensilage d’herbe et d’une moulée complète.

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