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Ferme Janijack : L’IMPACT POSITIF D’OSER LE CHANGEMENT

by Mégan Marchand
3 min.
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VÉRONIQUE BOUFFARD, agr., M. Sc.
Conseillère en production laitière
Lactech inc.

Faire des changements majeurs lorsqu’on dirige une entreprise laitière n’est pas toujours facile ! Pourtant, c’est ce qu’ont décidé de faire Jeannine, Renée-Claude et Francis, de la Ferme Janijack SENC située à Petit-Saguenay.

UN NOUVEAU TERRITOIRE À DÉVELOPPER

Depuis juillet 2019, Lactech dessert une nouvelle partie du territoire, soit le Bas-Saguenay. Cette région dynamique en bordure de la route 170, à mi-chemin entre les montagnes de Charlevoix et celles du Saguenay, est plutôt méconnue du milieu agricole. Pourtant, on y retrouve près d’une dizaine de fermes laitières ayant majoritairement une belle relève en place. Elles sont toutes situées dans les municipalités de Petit-Saguenay et L’Anse-Saint-Jean.

Tout a commencé au début de 2018 lorsqu’un producteur du coin est venu nous rencontrer à notre kiosque au Salon industrie et machinerie agricole de Québec (SIMAQ) pour s’informer de nos services. Nous avons alors décidé d’aller rencontrer les divers producteurs et productrices de la région pour nous présenter, mais les démarches se sont arrêtées là.

Un an plus tard, une belle surprise : je reçois un texto. Renée-Claude, de la Ferme Janijack, me salue et me demande si je travaille toujours pour Lactech. Elle me fait part de son désir d’en apprendre plus sur notre offre de service. Sans hésiter, je contacte mon superviseur et m’organise un petit voyage dans le Bas-Saguenay, qui aboutira à cette belle aventure.

La Ferme Janijack, située en bordure de la route 170

UN PARCOURS PARSEMÉ D’EMBÛCHES

Une chose est sûre : à la Ferme Janijack, ce n’est pas la détermination qui manque ! Au cours de son histoire, les propriétaires ont su affronter de nombreux défis sans jamais baisser les bras. Anciennement Ferme J.A. Morin enr., l’entreprise était dirigée par Jacques Morin et Jeannine Pelletier. Malheureusement, le 17 novembre 2001, Jacques décède lorsque son tracteur est percuté par un autobus. Jeannine se retrouve alors veuve avec trois jeunes enfants : Marie-Chantale, 12 ans, Renée-Claude, 10 ans, et Francis, 5 ans. Avec toute la détermination du monde, elle décide de reprendre la ferme à bout de bras et de s’en occuper pour que ses enfants puissent un jour en hériter.

Puis, le 3 février 2009, un incendie fait rage et détruit complètement l’étable. Le troupeau laitier périt lors du triste événement. À ce moment, Renée-Claude étudie déjà en Technique de gestion et d’exploitation d’entreprise agricole (GEEA) à l’ITA de La Pocatière. Sa mère lui demande si elle veut poursuivre en agriculture malgré tout, ce à quoi elle répond affirmativement. Comme rien n’arrête Jeannine, elle décide de reconstruire l’étable pour que la ferme continue et que son projet de vie de la léguer à ses enfants puisse se réaliser.

« Depuis que nous avons “osé” changer de meunerie, nos résultats ont vite évolué. Nous avons atteint nos objectifs de départ en quelques mois seulement ! Les vaches expriment leur plein potentiel laitier, elles sont dans une forme remarquable et elles consomment avec appétit. L’équation est désormais complète pour que nous soyons en mesure d’aller encore plus loin. Il faut dire qu’il y a eu un gros travail d’équipe entre notre nutritionniste et nous-mêmes derrière tout ça. Voyant évoluer aussi vivement la situation, on ne peut qu’admettre que nos choix sont payants. »  – Renée-Claude Morin

DE FERME J.A. MORIN À FERME JANIJACK

En 2011, après l’obtention de son diplôme de l’ITA, Renée-Claude occupe un poste d’inséminatrice pour le Ciaq tout en travaillant à temps partiel sur la ferme familiale. C’est en juillet 2014, après un congé de maternité, qu’elle décide de s’y installer à temps plein. Elle devient alors actionnaire avec 51 % des parts. Lors du transfert, un nouveau nom est donné à la ferme, soit celui de Ferme Janijack. Il est choisi pour rendre hommage à Jeannine et Jacques. Par ailleurs, après une formation en mécanique agricole à Saint-Anselme, Francis se joint à l’entreprise au printemps 2015 comme ouvrier agricole. Renée-Claude et son frère Francis forment ensemble une belle équipe complémentaire et Jeannine peut être fière de sa relève dans l’entreprise familiale.

OSER LE CHANGEMENT

Lors de ma première visite à la ferme en juin 2019, Renée-Claude me mentionne que des changements doivent être faits. De plus, elle me signale son besoin d’être bien encadrée à la ferme par ses conseillers. Je constate que les vaches n’exploitent pas leur plein potentiel et qu’en apportant de simples changements, il serait possible de faire mieux.

À ce moment, la production de lait du troupeau est de 23,9 litres/va/jr avec un résultat au test de gras de 4,37 %, ce qui représente 1,04 kg de gras/va/jr vendu. Considérant que la moyenne de production des troupeaux Shur-Gain est de 31,1 litres de lait et 1,28 kg de gras, je suis alors convaincue qu’il y a place à l’amélioration. Je profite aussi de l’occasion pour calculer les coûts d’alimentation et la marge alimentaire. Le constat va dans le même sens; la marge alimentaire est de 4 847,20 $/va/an comparativement à la moyenne Lactech de 5 916,54 $/va/an. En comparant les résultats de la ferme aux résultats moyens, la différence de marge alimentaire brute (les revenus du lait moins les coûts d’alimentation) obtenue est de 1 069,34 $/va/an, ce qui représente pour le troupeau de 50 vaches un gain potentiel de 53 467 $/an.

À la fin de juillet 2019, nous faisons une première livraison de moulée laitière à Petit-Saguenay et la suite ne sera que positive. L’objectif premier était de favoriser la santé nutritionnelle du troupeau et de maximiser ses performances. J’ai donc d’abord misé sur les vaches taries et en préparation au vêlage, ainsi que sur celles en début de lactation pour aller chercher de meilleurs pics de lait. Rapidement, j’ai constaté que l’état de chair des vaches s’améliorait et que les fumiers étaient plus uniformes et moins clairs.

Une partie du troupeau laitier alors que les vaches sont en train de ruminer

Nous avons par ailleurs créé un groupe de discussion réunissant Jeannine, Renée-Claude, Francis et moi-même. Ainsi, chacun est informé des échanges et questionnements relatifs au troupeau, ce qui simplifie grandement les choses malgré la distance. Renée-Claude, Francis et moi-même formons une superbe équipe de travail ! Chaque fois que je fais une recommandation, je prends le temps d’en expliquer la raison en vue de rendre la ferme de plus en plus autonome dans sa régie du troupeau. De leur côté, Renée-Claude et Francis n’hésitent pas à me contacter avant d’apporter un changement à la ferme, qu’il s’agisse d’un changement concernant les balles rondes ou du choix des vaches à réformer. Notre groupe « Alimentation Lactech » sur Messenger est d’une grande aide dans la réalisation et l’atteinte des objectifs.

DES PERFORMANCES QUI ÉTONNENT !

À peine quelques mois après le début des changements, les performances du troupeau s’améliorent tant du point de vue de la productivité que sur le plan de la rentabilité. Dans l’objectif de bien suivre l’évolution de la situation et de m’assurer que les changements en valent la peine, je fais un suivi régulier des performances et calcule les coûts d’alimentation ainsi que la marge alimentaire à chacune de mes visites. Dès les premiers mois, la production augmente à 28,8 litres/va/jr et 1,22 kg de gras/va/jr, ce qui représente un gain de 4,9 litres et 0,18 kg de gras/va/jr en seulement 2 mois. À ce moment, soit en octobre 2019, la marge alimentaire atteint 5 412,95 $/va/an, ce qui équivaut à une augmentation de 565,75 $/va/an. Nous savons alors que nous avons pris la bonne direction et sommes sur la bonne voie pour atteindre les objectifs que nous avions fixés ensemble au départ.

En décembre 2019, le troupeau parvient à dépasser la moyenne provinciale et atteint une production journalière de 31,2 litres et 1,3 kg de gras par vache. Janvier et février 2020 sont des mois déterminants puisqu’un gros boum de vêlages est prévu; c’est le test ultime pour savoir si les changements apportés au cours des mois précédents sont profitables. À notre grand étonnement, autant pour les propriétaires de la ferme que pour moi-même, nous dépassons grandement en mars 2020 les objectifs de départ. Les nombreuses vaches ayant vêlé durant les mois précédents vont très bien; elles ont toutes de l’appétit et elles décollent au lait. Comme le dit si bien Obélix, « Quand l’appétit va, tout va » !

Au début d’avril dernier, la production des vaches atteint 39,2 litres et 1,49 kg de gras/va/jr tandis que la marge alimentaire est de 7 482,50 $/va/an. La Ferme Janijack peut maintenant se féliciter de faire partie du 20 % des troupeaux les plus performants du Québec et d’avoir atteint ce groupe de tête en moins d’un an ! Voilà une preuve qu’oser le changement peut valoir la peine. Et surtout, le plus important, c’est que lorsque je fais mes tournées de l’étable, j’observe que le plein potentiel du troupeau est exploité. La morale de l’histoire, c’est que lorsqu’on donne de l’amour à nos vaches, celles-ci nous en donnent en retour !

Le rapport suivant démontre bien l’impact positif d’avoir osé le changement. Les courbes en couleur sont les résultats de la Ferme Janijack et celles en gris représentent la moyenne des 586 fermes de la base de données Lactech.

Jeannine, Renée-Claude et Francis, c’est un immense plaisir de travailler avec vous au quotidien ! L’équipe de Lactech et d’Agri-Marché sera présente pour vous encore de nombreuses années afin que vous puissiez vivre de votre passion de nourrir le monde grâce à l’agriculture !

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