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INFLUENZA AVIAIRE HAUTEMENT PATHOGÈNE: PRÉPARER LES ÉLEVAGES LAITIERS À UNE MENACE POTENTIELLE

by Aryann Denis
alexia

ALEXIA CHABOT, agr.
Conseillère en production laitière
Lactech inc

L‘influenza aviaire est souvent associée aux élevages de volailles. Cependant, des découvertes récentes démontrent que le virus peut également représenter une menace sérieuse pour les élevages laitiers. Le nouveau variant, l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), a le potentiel de causer des pertes majeures ainsi que de mettre en péril la santé de vos troupeaux. Il est donc important d’en connaitre plus sur le sujet; la manière dont il se propage, les signes à surveiller et les précautions à prendre afin de protéger votre entreprise. Notez bien que les découvertes face à cette maladie sont en constantes évolutions, donc les informations sont sujettes à changement avec le temps. 

Un virus en évolution

Des fermes laitières américaines ont récemment été dépistées avec l’IAHP. La source première viendrait d’oiseaux sauvages infectés qui ont ensuite contaminé un cheptel laitier. À ce jour, 82 cas ont été signalés dans 10 États américains. Les conséquences peuvent être importantes autant sur les animaux que sur les revenus de l’entreprise. Il peut être inactivé par la pasteurisation du lait, ce qui évite la propagation au sein de la population. Jusqu’à maintenant, aucun cas n’a été répertorié au Canada. Un seul homme à ce jour a contracté le virus.  

Les symptômes

Les vaches atteintes d’influenza aviaire hautement pathogène peuvent présenter divers symptômes tels qu’un épaississement du lait ressemblant au colostrum, une baisse de production, une léthargie et des problèmes respiratoires. Les vaches qui sont à un âge avancé ainsi que celles qui ont été en lactation pendant plus de 150 jours semblent particulièrement sujettes à présenter ses symptômes. Bien que la mortalité soit rare et souvent dûe à des complications secondaires, il est possible d’observer une morbidité pouvant aller jusqu’à 10%. En règle générale, les symptômes durent entre 10 et 14 jours, atteignant leur intensité maximale après un délai de 2 à 6 jours. Dans la plupart des cas, l’état de santé de l’animal est de retour à la normale après 3 semaines.

La transmission

Dans les cas répertoriés aux États-Unis, toutes les entreprises ayant eu des cas dans leur troupeau avaient des liens avec un autre troupeau infectés (ex: déplacement d’animaux d’un élevage à l’autre). Après avoir été introduit dans un troupeau, le virus se transmet principalement d’un bovin à l’autre par le biais du lait contaminé. Il est possible que les infections soient asymptomatiques, ce qui complique la détection et la gestion de la maladie. La concentration élevée du virus excrété dans le lait accroît le risque de contamination entre les bovins, ce qui met en évidence l’importance d’une traite et d’une hygiène générale soigneusement gérées. La contamination ne se ferait pas par le fumier. Jusqu’à maintenant, il n’y aurait pas eu de cas au niveau des veaux laitiers ni chez les bovins de boucherie. 

Des cas de transmission à des chats ont aussi été observés. Ils ont entraîné un taux de mortalité de 67% chez les félins. La transmission est probablement dûe à l’ingestion de lait cru contaminé. 

Bonnes pratiques et prévention

Afin de prévenir et maîtriser l’influenza aviaire, il est crucial de travailler en collaboration avec l’ACIA, le MAPAQ ainsi que toute autre entité pertinente. Voici quelques mesures de prévention clés : 

  • Limiter l’introduction de bovins provenant de régions touchées : Ne vous procurez pas de vaches en provenance de régions où des cas ont été confirmés, à moins qu’elles ne proviennent de producteurs fiables et aient fait l’objet de tests. 
  • Contrôler l’accès des oiseaux sauvages et de basse-cour : Installer des dispositifs physiques afin de prévenir tout contact entre les oiseaux et les bovins. 
  • Renforcement de la biosécurité aux frontières : Des tests obligatoire au niveau des frontières canadiennes ont été ajoutées pour s’assurer que les animaux importés au Canada soient exempts de l’IAHP. 
  • Instaurer une auto-quarantaine : Il faut restreindre les déplacements des animaux et ne pas autoriser l’accès aux élevages pour les visiteurs non-essentiels. Si de nouveaux animaux doivent être ajoutés au troupeau, ils doivent être isolés pour éviter les propagations de maladies. 
  • Isoler les bovins malades : Nous devons isoler les animaux infectés afin d’empêcher la propagation du virus. 
  • Ne pas servir de lait cru aux autres bovins ou aux animaux de compagnie : Assurer l’élimination sécuritaire du lait cru provenant des vaches malades. 
  • Renforcer l’hygiène de la traite et générale : Pour réduire la contamination, il est essentiel d’assurer une hygiène rigoureuse lors de la traite. 

Les expositions agricoles du côté Américain ou qui aurait des animaux de provenant de troupeaux Américains seraient à éviter pour réduire les risques de contaminations dans votre troupeau. 

Si l’IAHP venait à être détectée dans un élevage, le MAPAQ et l’ACIA mèneront une enquête épidémiologique en collaboration avec votre médecin vétérinaire. Le lait de votre troupeau sera redirigé vers un circuit de pasteurisation strict. Il n’y aura donc que le lait des animaux malades qui devra être disposé à la ferme. 

Conclusion

L’IAHP n’est qu’une des diverses maladies qui peuvent être déclarée dans votre troupeau. Il est important pour votre entreprise de prendre des mesures de biosécurité dès aujourd’hui pour éviter des pertes autant financières qu’animales. Parlez-en avec votre médecin vétérinaire pour mettre en place un programme de prévention efficace.  

Ce texte a été produit grâce à la conférence « Influenza aviaire hautement pathogène chez les bovins laitiers aux États-Unis, stratégie québécoise de prévention et de contrôle » présenté le 9 mai 2024 par l’UPA 

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