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Connaître ses mycotoxines et les éliminer : LA ZÉARALÉNONE ET LA FUMONISINE

by Josianne Bouchard
3 min.
RACHEL

RACHEL TONDA
Gestionnaire de produits
Kemin Nutrition et santé animale

Mauvaise nouvelle si vous nourrissez du bétail : la quasi-totalité de l’approvisionnement mondial en céréales est contaminée par au moins une mycotoxine. Plus des deux tiers du maïs récolté en 2020 et testé par le Service de laboratoire clientèle de Kemin étaient positifs aux mycotoxines. Pire encore, 50 % de ces échantillons contenaient des toxines multiples.

Les mycotoxines, qui sont les produits de la défense naturelle d’une moisissure contre les facteurs de stress environnementaux, peuvent causer toute une série de problèmes de santé chez les animaux ruminants comme monogastriques. Et pour les producteurs, cela signifie une potentielle perte de profits.

La bonne nouvelle, c’est que vous n’êtes pas seul dans votre combat contre les mycotoxines. Une combinaison de pratiques de gestion vigilantes et l’incorporation des additifs appropriés dans votre ration alimentaire peuvent contribuer à minimiser les risques que le bétail éprouve des problèmes de santé ou de performance après avoir consommé des aliments contaminés par les mycotoxines.

TOUT COMMENCE AVEC LE FUSARIUM

Les moisissures du Fusarium sont l’une des principales sources de problèmes de santé chez de nombreuses espèces, y compris chez l’humain. Le genre Fusarium comprend de nombreuses espèces de moisissures différentes qui sont responsables de la propagation de réseaux spécifiques de mycotoxines. Par exemple, F. graminearum et F. sporotrichioides produisent des trichothécènes comme le déoxynivalénol (DON), la zéaralénone et la toxine T-2, tandis que F. proliferatum et F. verticillioides produisent des fumonisines.

Les ruminants et les animaux monogastriques sont sensibles aux dommages internes causés par les mycotoxines produites par les moisissures du Fusarium. Selon les niveaux de toxines, ces dommages peuvent aller de maladies immunitaires mineures à des maladies gastro-intestinales aiguës parfoiscmortelles.

« Ce que beaucoup de gens ne comprennent pas encore, c’est l’élément chronique, l’exposition continue aux mycotoxines », explique le Dr Venkatesh Mani, directeur des services techniques chez Kemin. « Même si vous continuez à les nourrir de céréales dont les niveaux de toxines sont inférieurs aux seuils de dommages, les animaux peuvent développer des maladies chroniques en raison de l’interaction entre de multiples toxines. Si ces toxines ne tuent pas nécessairement les animaux, elles sont parmi les facteurs les plus importants en termes de pertes d’argent liées aux performances des animaux. »

Lorsqu’un animal ingère des mycotoxines contenues dans des aliments contaminés, l’endroit le plus courant pour les problèmes est le tractus gastro-intestinal. Lorsqu’elles fonctionnent de manière optimale, les jonctions entre les tissus épithéliaux du tractus gastro-intestinal sont serrées, ce qui empêche tout composé nocif de pénétrer dans la circulation systémique de l’organisme. Lorsqu’un animal subit un stress – un stress thermique, par exemple –, ces jonctions se relâchent, ce qui permet aux mycotoxines de pénétrer dans le tissu épithélial et dans d’autres systèmes internes.

Le relâchement des jonctions serrées, communément appelé syndrome de l’intestin perméable, et l’ingestion ou l’infiltration subséquentes de mycotoxines par une bactérie ou un virus envahissant peuvent provoquer des symptômes aigus comme la réduction de la consommation d’aliments. L’ingestion chronique de mycotoxines peut paralyser l’immunité intestinale d’un animal et le rendre vulnérable à de nombreuses autres maladies, en particulier celles causées par des conditions environnementales comme le stress thermique. Pour protéger les animaux d’une sensibilité accrue aux défis posés par les mycotoxines, il est essentiel de gérer les mycotoxines du Fusarium comme la zéaralénone et la fumonisine.

À PROPOS DE LA ZÉARALÉNONE

La zéaralénone est une mycotoxine oestrogénique qui se lie aux mêmes récepteurs que l’hormone naturelle qu’est l’oestrogène. Elle provoque une activité oestrogénique accrue qui peut nuire à la reproduction, avec des symptômes tels qu’une diminution de la survie des embryons, une augmentation de la stérilité et l’attrition de la testostérone chez les jeunes animaux mâles.

Les bovins sont généralement moins affectés par la zéaralénone (il en va de même pour la fumonisine) en raison de la présence d’autres bactéries dans le rumen qui empêchent la toxine d’atteindre les parties inférieures de l’intestin, où les fuites d’intestin sont plus susceptibles d’exposer d’autres systèmes internes à la toxine. Cependant, la zéaralénone peut toujours entraîner une augmentation des avortements chez les truies gestantes et les bovins laitiers, ainsi qu’une réduction de l’éclosabilité et une diminution de la production d’oeufs chez les pondeuses.

À PROPOS DE LA FUMONISINE

Comme la fumonisine et la zéaralénone sont toutes deux sécrétées par la même famille de moisissures, le Fusarium, il est courant qu’une source d’alimentation soit infectée par ces deux mycotoxines – et les symptômes qu’elles suscitent sont souvent similaires. Lorsque des animaux ingèrent de la fumonisine, cela entraîne une diminution de la consommation alimentaire, ce qui finit par éroder l’efficacité de la reproduction et de l’alimentation de l’élevage. La santé intestinale est également principalement compromise par la fumonisine.

La fumonisine agit comme certains lipides (sphingosines) et peut inhiber le métabolisme des lipides dans le foie, provoquer une dépression immunitaire et endommager le système nerveux et le cerveau.

Image 1 : Chaque mycotoxine affecte les espèces différemment. Il est important de tester la présence de
mycotoxines dans les aliments pour animaux afin de comprendre ce que vous donnez réellement à ces derniers.

LES MYCOTOXINES NE FONCTIONNENT PAS SEULES

Chaque mycotoxine provoque des symptômes spécifiques et affecte différents animaux avec une gravité variable, comme le montre l’image. Le déoxynivalénol (DON) est beaucoup plus susceptible de causer des dommages au système digestif des porcs qu’à d’autres espèces de bétail, par exemple. Malgré ce type de variabilité, une chose est certaine : dans la grande majorité des cas, une mycotoxine n’agit pas seule. Il est fréquent que différentes toxines aient un impact combiné sur un animal, ce qui peut parfois augmenter le nombre de symptômes ou en augmenter la gravité.

C’est particulièrement vrai de la fumonisine et de la zéaralénone, puisqu’elles partagent le genre de moisissures Fusarium.

« La contamination simultanée de différentes espèces de moisissures Fusarium risque de se produire. Si vous trouvez de la fumonisine, il y a de fortes chances que vous trouviez de la zéaralénone », explique Venkatesh Mani.

« Comme les deux toxines sont produites par le même genre de Fusarium, elles seront produites dans presque les mêmes conditions environnementales, et il est possible que les toxines soient en surdose car les deux espèces de moisissures sécrètent les toxines ».

Bien que les chercheurs aient identifié des mycotoxines individuelles et la manière dont elles infligent des dommages aux animaux lorsqu’elles sont ingérées, il existe peu de recherches sur les infections combinées, y compris celles causées par des moisissures du même genre.

« La toxicité des combinaisons de mycotoxines ne peut pas toujours être prédite sur la base de leurs toxicités individuelles. L’exposition multiple peut entraîner des effets toxiques additifs, synergiques ou antagonistes », selon un document de recherche rédigé par une équipe de chercheurs en mycotoxines et en biologie cellulaire de l’Université de Bretagne Occidentale située à Brest, en France. « Les données sur les effets toxiques combinés des mycotoxines sont limitées, donc le risque pour la santé de cette multi-exposition n’est pas connu. »

LE DANGER DE LA CONTAMINATION PAR LES MYCOTOXINES

Bien qu’il en reste beaucoup à apprendre sur ce qui se passe lorsque deux toxines affectent un animal en même temps, les chercheurs ont déterminé que lorsque la zéaralénone et la fumonisine affectent un animal à forte dose en même temps que le DON, il y a un effet synergique, ce qui signifie qu’elles provoquent des symptômes communs qui conduisent à des dommages plus aigus et plus graves que lorsqu’elles infectent un animal seules.

LES SOLUTIONS AUX MYCOTOXINES

Une stratégie utilisée depuis de nombreuses années pour gérer les mycotoxines est l’idée de décontaminer l’alimentation en séquestrant les mycotoxines. La séquestration, ou neutralisation, peut réduire la biodisponibilité des mycotoxines, empêchant ainsi les toxines d’interagir et d’être absorbées par l’intestin. Il est important de noter que « bien que le mécanisme qui séquestre les toxines pendant le traitement soit plus ou moins le même, la fixation des mycotoxines est un sport de contact. L’efficacité de la liaison varie non seulement en fonction des toxines, mais aussi en fonction du traitement », précise le Dr Mani. L’outil de neutralisation des mycotoxines est souvent complété par l’incorporation dans les rations alimentaires d’additifs alimentaires adsorbants comme les aluminosilicates.

Les aluminosilicates sont un groupe de minéraux structurellement divers dont plusieurs ont été étudiés pour leur capacité à séquestrer les mycotoxines. Les différences de structure, la capacité d’absorption, la source minérale et l’inclusion d’ingrédients supplémentaires peuvent toutes avoir un impact sur l’efficacité de fixation des toxines d’un minéral d’aluminosilicate. Les zéolithes, un type d’aluminosilicates, ont des structures cristallines avec des ouvertures ou cavités qui permettent aux molécules de se lier physiquement avec des métabolites nocifs. En raison de cette structure unique, les zéolithes offrent une efficacité au large spectre à de faibles niveaux d’inclusion. Par exemple, comme démontré in vitro, une zéolite améliorée à un niveau d’inclusion égal à 1 kg/t offre une efficacité de liaison totale pour de multiples mycotoxines co-occurrentes, y compris la fumonisine, la zéaralénone, l’aflatoxine, la toxine T-2 et plus encore.

Compte tenu de la forte probabilité de contamination par des toxines multiples et de la nécessité de mener des recherches supplémentaires sur les relations synergiques et antagonistes entre les mycotoxines, un traitement à large spectre de liaison des mycotoxines offrira aux producteurs le meilleur retour sur investissement.

Références
Ramos, A.J., J. Fink-Gremmels et E. Hernández. (1996). Prevention of toxic effects of mycotoxins by means of nonnutritive adsorbent compounds, Journal of Food Protection, vol. 59, no 6, pp. 631-641.

Vila-Donat, P., S. Marín, V. Sanchis et A. J. Ramos. (2018). A review of the mycotoxin adsorbing agents, with an emphasis on their multi-binding capacity, for animal feed decontamination, Food and Chemical Toxicology, vol. 114, pp. 246-259.

KALLSIL™: An Enhanced Zeolite Flow Agent, MC-19-17358.

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