ALEXIA CHABOT, agr.
Conseillère en production laitière
Lactech inc
ÉLIZABETH GRAVELINE, agr.
Conseillère en production laitière
Lactech inc
Les résultats technico-économiques de plusieurs clients laitiers des meuneries Shur-Gain au Québec en 2020 ont été publiés en mai dernier. Le premier constat que l’on peut en tirer est que 2020 est très semblable à l’année 2019.
Avant toute chose, qu’est-ce que la L-16?
La L-16 est un outil de calcul du résultat économique lié à l’alimentation du troupeau pour l’année complète sur votre ferme. Les données utilisées sont les ventes réelles de lait à la Fédération et les achats réels de concentrés et de fourrages. Les fourrages et les grains produits à la ferme sont considérés à une valeur standardisée, c’est-à-dire, la valeur calculée par VIA Pôle d’expertise en services-conseils agricoles en début d’année. Le but étant d’avoir un portrait le plus précis possible de l’année qui est passée. De plus, précisons que ces données sont calculées sur le nombre moyen de vaches en lactation, et non sur le nombre moyen de vaches total dans l’étable.
Ainsi, en 2020, pour les 438 fermes comptabilisées, on compte en moyenne 99 kilos/jour de quota possédés pour 75 vaches en lactation. Le prix brut du lait à l’hectolitre a atteint 80,48$, un sommet depuis 2015. La ferme moyenne a produit 1,32 kg de gras par vache par jour. On constate toujours une évolution du nombre de ferme avec système de traite robotisés sur le territoire; 115 fermes, ou 26 % des fermes possédaient des robots de traite en 2020, tout systèmes confondus. 64 % des vaches sont toujours en stabulation entravée.
Les fermes compilées ont dégagé une marge alimentaire à l’hectolitre de 55,54$, et une marge par vache de 6 224 $ par année, soit 17,11$/va/jour. Ces chiffres sont très semblables aux résultats de 2019, malgré une légère hausse du prix du lait à la ferme. Cela peut s’expliquer principalement par l’augmentation du coût des concentrés à la fin de l’année 2020. De plus, le printemps 2020 fût complexe avec les coupures dû à la Covid-19, ce qui a évidemment joué un rôle négatif sur les marges de productions. Ces deux facteurs combinés sont venus amoindrir l’impact de la hausse du prix du lait.
Le graphique ci-contre démontre que le groupe de tête (20 % supérieur) se démarque de plus en plus au niveau de la marge alimentaire par vache par jour. Depuis quelques années, on observe un écart grandissant entre le groupe de tête et le groupe 20% inférieur. On constate aussi un écart entre les fermes détentrices de moins de 100 kg de quota et celles qui en détiennent plus de 100. Ceci peut s’expliquer par plusieurs facteurs, dont l’effet du volume d’achat, des facteurs de régie, des résultats aux champs, etc.
Concernant les robots de traite, pour la première fois cette année, les troupeaux à circulation contrôlée ont été séparés des troupeaux à circulation libre pour voir s’il y avait des tendances différentes. À première vue, il n’y aurait pas de différence significative entre les deux types de circulation, autant sur la production que sur les marges. Au fil des ans, des données s’ajouteront qui viendront valider les résultats de cette première année.
Source : Pierre Dionne, agr, Résultats L-16 2020
LE TAUX GRAS DE PLUS EN PLUS DIFFICILE À AMÉLIORER
Le teneur en matières grasses du lait tend à diminuer, mais reste semblable en 2020. La moyenne de 4,16 % en 2020 s’explique entre autres par l’année chaude et la sécheresse dans plusieurs secteurs qui nous ont obligé à revoir les stratégies d’alimentation. L’entrée en vigueur des modifications au Règlement sur le paiement du lait aux producteurs en Août 2021 poussera les producteurs à mettre en place des stratégies qui favoriseront un ratio des composantes inférieur à 2,2 afin de profiter du prix maximal du lait. Il sera d’autant plus important que la teneur en matière grasse du lait tende à augmenter dans les prochaines années.
QUE DOIT-ON REGARDER? LES COÛTS? LES PRODUCTIONS?
Plus le temps passe et plus il y a de données qui sont disponibles pour aider à la gestion de l’entreprise. La L-16 permet d’avoir des données de plusieurs fermes, sur plusieurs années. Ainsi, les graphiques qui seront présentés ont été construit à l’aide de 2 144 données de troupeaux sur 4 ans.
Les graphiques qui suivent représentent la marge/vache/an ($) selon le lait par vache produit ou selon le nombre de kilogrammes de gras produit par vache. Dans les deux cas, nous pouvons clairement une corrélation positive entre la production et la marge puisque les R2 sont respectivement de 0,7538 et de 0,8095 (plus ce sera linéaire et plus le R2 sera près de 1). Donc, il est raisonnable de dire que plus un troupeau augmentera sa production et plus la marge par année sera élevée.
Source : Pierre Dionne,agr, Résultats L-16 2020
Source : Pierre Dionne, agr, Résultats L-16 2020
Le prochain graphique représente la marge/vache/an selon les coûts de concentrés/hl. Très clairement, nous ne pouvons conclure à une quelconque corrélation entre les deux (R2 de 0,06). Ce n’est donc pas parce que ça ne coûte pas cher que c’est payant tout comme ce n’est pas parce que ça coûte cher que c’est aussi payant. L’important à retenir est que peu importe le coût de concentrés à l’hectolitre, il est possible de dégager beaucoup de bénéfices. Par contre, s’il y a possibilité de diminuer ses coûts tout en gardant le même revenu, il sera possible de dégager plus de marge. Le défi est donc de minimiser les coûts sans pour autant affecter la production et la santé des animaux.
Source : Pierre Dionne,agr, Résultats L-16 2020
Source : Pierre Dionne, agr, Résultats L-16 2020
La croyance populaire veut que l’augmentation des concentrés dans la ration des vaches laitières tend absolument vers une baisse de la marge et une perte de profit. Qu’est-ce que les données en disent? Si on compare le ratio lait/concentré versus la marge, on constate qu’il n’y a aucune tendance avec un R2 de 0,0885. Il est alors possible dégager les mêmes marges peu importe le volume de grain soigné, si le volume de lait est en corrélation normale avec ces quantités.
L’important à retenir dans tout cela est qu’il faut regarder le retour sur investissement. En général, nous sommes prêts à payer plus cher pour un bon employé agricole que pour un employé qui se traîne les pieds. Pourquoi? Parce que nous voulons rentabiliser nos investissements. L’alimentation n’échappe pas à cette règle et l’investissement qu’elle demande en est une de taille. Pour chaque dollar investi, il doit vous revenir plus. Alors oui, peut-être que certains produits coûtent plus cher à l’achat, mais si finalement, si la production est au rendez-vous, il en reste plus dans vos poches à la fin de l’année.
Plus que jamais cette année, il sera important de travailler la régie du troupeau afin d’optimiser les performances techniques de celui-ci. La gestion au champ doit aussi être impeccable, car il est essentiel de récolter un fourrage de qualité maximale afin de minimiser les achats d’intrants.
Votre conseiller Lactech possède les outils nécessaires pour cibler et vous accompagner dans la réalisation de vos objectifs. Les ingrédients à valeur ajoutée que nous utilisons dans le réseau Shur-Gain démontrent de très beaux retours sur investissements. Discutez-en avec votre conseiller et demandez-lui de vous présenter votre L-16 si ce n’est pas déjà fait!