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FERME VAL CHAUDIÈRE : une ferme robotisée hors du commun!

by Véronique Bouffard
12 min.
dominic

DOMINIC NOLET, agr.
Conseiller en production laitière
Lactech inc.

La Ferme Val Chaudière inc. est la propriété de Gabriel et Dominique Faucher. Ils représentent la 5e génération de Faucher et ils n’hésitent pas à faire les choses autrement.

Les deux frères sont actionnaires de l’entreprise depuis 2012. Au plan de la production laitière, le troupeau compte 120 têtes dont 100 vaches en lactation entièrement traites par trois robots de type Lely A3 sans aucun autre système de traite parallèle. La ferme possède 142 kilos de quota. Pour la dernière année, de septembre 2020 à septembre 2021, ils ont maintenu une moyenne de 1,5 kg de mg/vache avec des composantes moyennes pour cette période de 4,14 % en gras et 3,17 % en protéine. Actuellement, la moyenne du mois d’octobre 2021 est de 1,6 kg de mg.

La ferme n’a recours à aucun employé provenant de l’extérieur. Mis à part Gabriel et Dominique, trois autres personnes travaillent sur la ferme, soit : Nicole, Nancy et Alexi. Nicole, qui est la mère des deux garçons, s’occupe de la comptabilité et de la facturation. Nancy, la conjointe de Gabriel, joue elle aussi un rôle majeur et déterminant dans la réussite de l’entreprise. Elle s’occupe essentiellement de la régie du troupeau. Elle effectue entre autres le parage des onglons des vaches avec Gabriel, les visites du vétérinaire pour les médecines préventives, observations et détections des chaleurs, cédules des hormones et vêlages. Alexi, qui est le neveu de Gabriel et Dominique, participe activement aux travaux aux champs. Pour sa part, Gabriel fait plusieurs tâches dans l’étable dont le taillage des pattes de vaches et il s’occupe aussi essentiellement de la régie des champs. Quant à lui, Dominique fabrique les mélanges pour alimenter les animaux et s’occupe de l’entretien de la machinerie.

1e rangée: Nancy Lacasse, Gabriel Faucher, Mégane, Alexi Hototte, Dominique Faucher, Justin, Sabrina Rhéaume et Éléna. 2e rangée: Joannie, Britany et Josianne.

La transition vers la robotique

L’achat du 1er robot de traite remonte à 2006. Auparavant, les vaches étaient en stabulation libre avec salle de traite. Puis, il y a eu l’ajout du 2e robot en 2012 dans une section où se trouvait à ce moment-là la pouponnière. Enfin, l’ajout du 3e robot a eu lieu en 2018. L’objectif qui les a amenés à faire la transition vers la traite robotisée était de sauver des tâches routinières et de prolonger la longévité des vaches. Gabriel et Dominique ont tout d’abord visité plusieurs fermes robotisées pour aller chercher des idées et leur permettre d’élaborer leurs propres plans d’étable à robot à partir du bâtiment existant et de l’emplacement de celui-ci. La transition vers la traite robotisée s’est très bien déroulée. Il n’y a pas eu de problèmes majeurs, seulement des ajustements normaux d’alimentation et de routine qui découlent de cette nouvelle façon de traire et d’alimenter les vaches. Étant donné leur très grand intérêt et habileté pour la mécanique en général, les propriétaires se réparent beaucoup eux-mêmes et sont toujours présents lors des maintenances des robots. Cela leur a permis d’apprendre rapidement sur le fonctionnement de ceux-ci et, par le fait même, de sauver du temps et des coûts reliés à l’utilisation des robots.

Une ferme hors du commun

En plus des robots de traite, la Ferme Val Chaudière a un modèle d’affaires un peu hors du commun. Tout d’abord, les propriétaires n’élèvent pas de génisse pour le remplacement. Pour des raisons de facilité au plan de la régie, ils ont choisi de combler leurs besoins de remplacement en achetant des vaches d’un autre éleveur. Cette décision a été majeure pour l’entreprise, mais très bénéfique jusqu’à maintenant. Le budget d’achat pour les vaches provient de la vente de foin et de l’économie des frais d’élevage. Étant donné que la ration est composée de 90 % d’ensilage de maïs, un très grand pourcentage de la superficie des prairies sert à la récolte de foin qui est vendu un peu partout au Québec. La Ferme Val Chaudière vend des grosses balles carrées depuis environ 15 ans. L’an passé, l’entreprise a vendu 2000 grosses balles carrées enrobées individuellement. Du lot, on y retrouve autant du foin pour les vaches en lait que du foin pour les taures et vaches taries.

La superficie totale en prairies et cultures est de 560 acres. Cela inclut 110 acres en ensilage de maïs, 194 acres en soya, 70 acres en triticale et 186 acres en prairies.

Une ration composée à 90% d'ensilage de maïs

Par ailleurs, ce choix de soigner autant d’ensilage de maïs a été fait il y a maintenant 8 ans. Les raisons de ce virage alimentaire sont venues du fait que les installations au niveau du mélangeur ne leur permettaient pas d’inclure beaucoup d’ensilage de foin sous la forme de grosses balles carrées. D’autre part, ils ont opté pour la facilité et la stabilité que leur offrait l’ensilage de maïs. Autant au niveau de l’entreposage, de la récolte que de l’alimentation, les bénéfices ont été majeurs pour la ferme. Cette façon de faire leur permet de récolter une très grosse partie de ce qu’ils ont besoin annuellement en fourrage, et ce, en un seul coup à l’automne. L’ensilage de maïs est entreposé dans deux silos 18 x 75 ainsi que cinq AgBag de dimension 10 x 200 qui leur offrent une très grande flexibilité. Dans le but d’obtenir le plus possible de fibres, et ainsi éviter de devoir mettre du foin ou de la paille dans la ration, les propriétaires ensilent à une hauteur qui leur permet d’optimiser à la fois le rendement mais aussi la qualité. Dans cette même optique, ils ont augmenté volontairement la longueur de coupe ou de hachage de l’ensilage de maïs autour de 1 po à 1,5 po en faisant des ajustements sur leurs fourrages, mais tout en prenant la précaution d’ajuster adéquatement la longueur optimale pour chaque système d’entreposage. La seule fibre vient d’un 3 à 4 kg de foin de grosses balles carrées qui est servi le matin en guise de foin sec avant de servir la RPM.

Cette RPM est composée essentiellement d’ensilage de maïs à 90 % de la ration, de 0,5 kg d’ensilage de foin en grosses balles carrées, d’une moulée moulue personnalisée ainsi que du triticale qui est produit sur la ferme. La RPM est fabriquée deux fois par jour et servie aux deux heures (12 fois/jour) par un système complètement automatisé qui comporte le mélangeur et des convoyeurs-nourrisseurs qui distribuent la ration. Les propriétaires ont choisi volontairement de servir la ration 12 fois par jour pour augmenter la consommation, diminuer le triage et aussi éviter de devoir repousser la ration plusieurs fois par jour ou d’avoir recours à un repousse-fourrage. Une moulée robot ainsi qu’un supplément 26 % vache fraîche (protéique et énergétique) pour les fraîches vêlées donnée par les robots de traite complète le tout. De plus, le fait de donner plusieurs repas par jour a l’avantage de répartir la traite sur 24 heures et stimuler les traites de nuit.

Les vaches taries et en préparation au vêlage sont logées dans des logettes puis transférées une semaine avant le vêlage dans un parc à vêlage juste à côté de l’endroit où elles se trouvaient. Leur ration est constituée de la RPM des vaches en lait, de balles carrées fibreuses, d’une moulée prepartum anionique personnalisée ainsi que du minéral vache tarie 1000 calcium.

La fierté de faire autrement !

Les projets futurs de l’entreprise pour les prochaines années se situent au niveau de l’achat de terre, de l’amélioration de la régie des champs, de l’optimisation des cultures et ils prévoient aussi continuer l’amélioration dans l’étable. Si on leur demande de quoi ils sont les plus fiers, Gabriel et Dominique répondent que c’est d’avoir amélioré l’efficacité de la ferme rapidement sans avoir eu recours à de la main-d’œuvre extérieure, tout en diversifiant leurs champs d’activité et de revenus, en ayant réussi à garder un bon équilibre travail-famille.

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