MARIANNE LANDRY, agr.
Conseillère en production laitière
Lactech inc
Après presque un an d’utilisation de ses nouvelles installations, la Ferme Vert D’or nous fait part de quelques avantages et défis de son transfert vers la stabulation libre.
Située dans le rang de la Pinière à Sainte-Hélène-de-Kamouraska, la ferme est exploitée par Serge Morin, Anne Bégin et
deux de leurs trois garçons, Jonathan et Pierre-Luc, qui assurent la relève de l’entreprise.
La nouvelle étable à stabulation libre de 108 pieds de largeur sur 218 pieds de longueur pourra loger jusqu’à 135 vaches laitières. La nouvelle salle de traite parallèle double 10 permet de traire les vaches très efficacement. Le nouveau complexe est aéré à l’aide d’une ventilation naturelle hybride. L’été, on utilise les ballons sur les murs et des ventilateurs de type Cyclone. L’hiver, on met à profit les ventilateurs de la salle de traite et les ouvertures au plafond de la vacherie pour l’entrée d’air frais.
L’ajout d’un séparateur à fumier permet par ailleurs la fabrication de la litière des animaux. Celui-ci permet d’extraire les
parties non digérées des fibres du fumier, qui par la suite peuvent être abondamment appliquées comme litière. L’aire de couchage est dorénavant constituée de logettes profondes remplies de fumier recyclé. Une aire a été spécialement prévue pour garder les vaches en préparation au vêlage sur « bed park ». On a opté pour des planchers de béton soigneusement rainuré nettoyé à l’aide de raclettes automatisées. De plus, le projet inclut la construction d’une fosse à fumier permettant de suivre l’expansion de l’entreprise.
Les objectifs visés par le projet étaient d’avoir un bâtiment qui permettrait à la ferme de prendre de l’expansion et
d’améliorer la production du troupeau. On souhaitait améliorer le confort et la longévité des vaches, chose qui était
devenue plus difficile dans la vacherie entravée. Autre point important : on désirait améliorer l’efficacité du travail.
Avant l’agrandissement, dans l’ancienne vacherie de 60 stalles, on réussissait à traire 75 vaches en en déménageant une quinzaine matin et soir. Ces vaches étaient logées dans l’étable des taures. Cela demandait assurément beaucoup de temps, mais cette façon de procéder a permis d’augmenter les kilos de quota produits avant d’aller de l’avant avec le
projet d’agrandissement.
La planification du projet s’est échelonnée sur plusieurs mois. Dès 2016, les propriétaires ont visité plusieurs entreprises pour en venir à dessiner les premiers plans à l’été 2018. Ils ont procédé à l’étude des diverses soumissions à l’automne 2018 et à l’hiver 2019. La construction a débuté en mai 2019.
Le démarrage a été possible dès le mois de décembre suivant. Les vaches se sont bien acclimatées à la stabulation libre. Les traire est encore plus agréable et on a gagné en efficacité au travail. Actuellement, on prend environ 1 heure pour traire de 80 à 85 vaches. Le travail s’effectue habituellement à deux, mais l’ouvrage pourrait être fait sans problème par une seule personne.
Sur le plan des avantages, on note une diminution considérable du temps consacré aux soins et à la gestion du
troupeau. Comme l’a souligné Jonathan, « Les vaches peuvent faire de l’exercice à l’année ! Avec les logettes
creuses et le “bed park” en préparation, on a fait un gain en matière de confort des vaches. » Il a aussi mentionné que la
stabulation libre permet aux 1ers veaux d’exprimer davantage leur potentiel qu’en stabulation entravée : « Les vaches
produisent mieux et on a moins d’enflure de pis ou de jarrets parce qu’elles font davantage d’exercice et qu’elles passent maintenant toute leur vie élevées en stabulation libre ».
La classification du troupeau est 19 EX, 46 TB et 32 BP. Il est à noter que lors du transfert en stabulation libre, la quantité de lait par vache a baissé étant donné le changement d’environnement des vaches. Actuellement, la production du troupeau se situe à 10 500 kg/va, et on produit 1,55 kg de gras/va avec 45 % des vaches en 1re lactation. Ça aura pris une dizaine de mois pour rétablir la production au niveau où elle en était avant le transfert à la stabulation libre. Du côté de la qualité du lait, on remarque que le comptage de cellules somatiques du troupeau a monté
un peu, passant de 80 000 CCS à 120 000 CCS en moyenne. Comme principal défi, on constate qu’on doit gérer différemment les vaches en chaleur pour éviter que les animaux ne se blessent. Les vaches agitées ont plus de
risques de blessures; on doit bien surveiller les interactions dans le troupeau et attacher ou isoler les animaux au besoin, le temps que ça passe.
Dans le futur, on prévoit faire la rénovation de l’ancienne vacherie pour y loger les vaches taries en logettes et en « bed
park ».
En somme, les propriétaires trouvent très motivant de voir que les animaux sont bien et que le travail est fait plus efficacement. Ils disposent de plus de temps, tant pour la régie et le soin des animaux que pour les travaux extérieurs à l’étable ou dans les champs. Ils sont heureux de voir qu’il est possible de garder de belles vaches en stabulation libre. Ils peuvent garder le même type de vaches, des vaches fonctionnelles qui ont de bons systèmes mammaires, pieds et membres, qui produisent bien et qui ont une belle longévité dans le troupeau. Au niveau du choix de taureaux, enfin, ils ont conservé la même stratégie axée sur une bonne conformation et production, sans négliger les traits de santé.