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LE MARCHÉ DES PROTÉINES: DE LA PLANTE À LA FERME…AU LABORATOIRE!

by Aryann Denis
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MATHIEU COUTURE, MBA, agr.
Directeur ventes avicoles
Agri-Marché inc

Le 15 novembre dernier, j’ai eu la chance d’assister au Rendez-Vous avicole de l’AQINAC. Voici un résumé des éléments qui ont retenus mon attention de la conférence << La guerre des protéines : gare à vos plumes! >> de monsieur Maurice Doyon. [1]

Les productions animales sont de plus en plus sous surveillance dans les pays développés pour des raisons de bien-être animal, de santé et d’environnement. Le contexte inflationniste joue aussi sur le choix des protéines à la caisse enregistreuse. Comme alternative, les protéines végétales sont bien réelles, mais ce sont davantage les substituts animaux qui risquent d’augmenter en visibilité dans les années à venir. Dans les pays en voie de développement, la demande pour la protéine animale reste à la hausse. Du côté des pays du G20, les produits protéinés à faible emprunte carbonique ont la cote et la protéine végétale gruge de l’espace sur les tablettes des supermarchés. D’ici deux décennies, un nouveau phénomène pourrait prendre de l’ampleur soit la protéine animale issue de laboratoire.

Selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, en 2020, la consommation de viandes alternatives accaparait 2% des parts de marchés; celle-ci pourrait atteindre 17% en 2040. La protéine végétale a son lot d’enjeux en matière de goût, de valeurs nutritives, de texture, de sur-transformation et de prix. Des compagnies tel que Impossible Burger travaille fort afin de réduire la liste des ingrédients des produits végétaux pour la rendre plus acceptable aux yeux des consommateurs. Malgré tout, les ventes sont sur la pente descendante. L’acceptabilité environnementale soulèvent aussi des questions. Pensons aux discussions entourant les boissons d’amandes et à leur impact sur les populations d’abeilles.

La protéine animale issue de laboratoire amène une alternative intéressante à la réflexion. Effectivement, soixante firmes travaillent présentement sur cette innovation dont les géants de la viande Tyson et Cargill. En juin 2023, les États-Unis ont approuvé la vente de viande de poulet en laboratoire par l’entreprise Upside Foods et Good Meat. Deux principales méthodes de production semblent vouloir se démarquer. D’une part, l’agriculture moléculaire se penche sur le processus d’insérer de l’ADN animal dans une plante pour que celle-ci produise la protéine désirée. D’autre part, la protéine peut être produite via un bioréacteur. Comment le tout fonctionne? Voici un exemple de la compagnie Meatleo utilisant un procédé de fermentation similaire à celui de la bière ou du yogourt. [2]

Le débat sur l’acceptabilité sociale est intéressant vis-à-vis cette avancée et voici un tableau dressant les principaux arguments de chaque côté du spectre.

Contrairement à ce que nous pourrions penser, les entreprises travaillant sur ces produits visent le marché des viandes et du lait et non le marché des végétariens ou des véganes. Les consommateurs les plus soucieux de l’environnement sont prêts à l’essayer. Des tests à l’aveugle orchestrés par la star-up SuperMeat démontrent qu’au niveau du goût et de la texture, les participants n’ont pas été en mesure de trouver la différence entre le poulet du laboratoire de celui de la ferme.

La protéine animale issue de laboratoire arrivera-t-elle dans les supermarchés en 2024? Non! Cette protéine a le potentiel de dépasser les protéines végétales en termes de substituts à la viande que nous connaissons. Actuellement, le prix final est le principal frein a son expansion. Grace à l’accroissement des pays en développement et de la population mondiale, les protéines animales telles que nous les connaissons aujourd’hui vont continuer de croître. En revanche, il ne faut pas se leurrer, les protéines alternatives accapareront une part du gâteau plus importante de notre avenir pas si lointain. En tant que producteurs, nous avons un certain temps pour poursuivre l’amélioration de nos pratiques et la valorisation de nos produits locaux pour garder nos parts de marchés. Ne regardons pas de haut ces avancées, apprenons à cohabiter, car elles feront partie de l’offre alimentaire de notre quotidien.

SOURCE : 

  1. Maurice Doyon, Ph. D. La guerre des protéines : Gare à vos plumes!, Le rendez-vous avicole, AQINAC, 15 novembre 2023
  2. Meatleo, site internet meatleo.com, page consultée le 27 novembre 2023.

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