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UN ENVIRONNEMENT D’AFFAIRES PLUS VOLATIL QU’AVANT

by Mégan Marchand
2 min.
VOLAILLE_Gilbert Lavoie_reduit

GILBERT LAVOIE, agr.
Forest Lavoie Conseil

VOLAILLE_Nicolas Jobin_reduit-carré

NICOLAS JOBIN, agr.
Groupe Vision Gestion

L’augmentation de la consommation de viande blanche au cours des dernières années a permis aux producteurs avicoles de poursuivre le développement de leurs entreprises tout en étant rentables.

En 2019, plusieurs événements ont créé d’importantes variations du marché, mais on sentait les producteurs en contrôle et non préoccupés. Pensons entre autres aux négociations de la mise en marché interne au Québec et de l’accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique, ou encore aux variations climatiques qui ont grandement affecté la qualité du maïs-grain.

Aujourd’hui, un événement externe hors du commun frappe durement le Canada et le monde entier : la pandémie de la COVID-19. Cet événement a un effet instantané sur l’ensemble de l’économie. La diminution de la demande a un impact important sur notre système de gestion de l’offre avec une baisse de 15 à 20 % des allocations, imposant ainsi l’euthanasie de poussins et la destruction d’œufs d’incubation dans un délai extrêmement rapide de 30 jours.

Voilà un risque externe qui nous rappelle que le marché dans lequel évoluent les entreprises agricoles est de plus en plus imprévisible. Comment faire, en 2020, pour positionner stratégiquement son entreprise avicole, afin de vivre adéquatement de sa profession ou même d’offrir une carrière à sa relève une carrière à sa relève?

Les questions que les producteurs doivent donc se poser comme gestionnaires d’entreprise sont :
• Quelles sont mes marges de manœuvre financières?
• Quel est le juste prix en matière d’acquisition d’actifs?
• Quels impacts aura la COVID-19 sur les procédures de salubrité en production alimentaire?

Ils doivent s’interroger en gardant toujours en tête un objectif : maintenir le positionnement prospère de leur entreprise, qui évolue dans un environnement imprévisible. Les occasions d’affaires et les options de financement seront toujours présentes. Il faut néanmoins rester prudent et prendre le temps de faire ses calculs. Prenons un cas concret : l’acquisition du droit de produire, par exemple du quota avicole « broiler » (poulets à griller).

• L’entreprise que nous étudierons est une entreprise dans la moyenne, ayant un BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) sur le chiffre d’affaires de 20 %, un avoir de 75 % et un ratio dette sur BAIIA de 5,20. La situation financière de cette entreprise est donc viable et propice au transfert.
• Voulant augmenter sa production, le producteur étudie un investissement d’achat de quota et de la construction d’une nouvelle bâtisse. Le quota se transige à 1 850 $/m2 et le coût de la construction du bâtiment neuf est de 400 $/m2, pour un total de 2 250 $/m2.
• Le revenu étant de 1,54 $/kg et la marge brute de 0,55 $/kg, il reste 0,28 $/kg de disponible pour le financement du projet.

• Le coût du projet du producteur s’élève à 2,82 millions de dollars. Ce dernier achètera 1 200 m2 de quota et construira un nouveau bâtiment de 1 500 m2 pouvant accueillir 16 000 oiseaux.
• À la fin du projet, il estime qu’il produira 1 470 950 kg, qu’il aura 9 300 000 $ d’actifs et 4 720 000$ de passifs. Son avoir passera de 75 % à 49 %.
• Ses fonds disponibles pour le paiement du financement seront de 407 747 $. Les paiements du financement sur 15 ans à 4 %, quant à eux, équivaudront à 424 522 $. Le producteur estime donc qu’il aura un déficit de 16 775 $ et que son ratio dette sur BAIIA passera de 5,20 à 10,42.

Au taux d’allocation courant, l’exemple présenté permet d’illustrer l’importance de la planification lorsqu’il est question d’un investissement majeur. Un quota à 1 850 $/m2, exigeant une mise de fonds de 60 %, amène un déficit à l’entreprise comparativement au projet où le quota est à 1 100 $/m2. Ce dernier crée des surplus fort appréciables pour l’entreprise, soit une différence de 70 154 $ entre les deux projets.

Considérant la situation de la COVID-19, avec un taux d’allocation à 127,7 % en période A163, on constate qu’un projet avec l’achat de quota à 1 100 $/m2 représente le point mort financier de l’entreprise.

Les producteurs sont excellents dans la production; ils se donnent des outils pour optimiser leur gestion technique. Ils doivent faire de même avec la gestion stratégique de leur entreprise. Opter pour un accompagnement adéquat par des professionnels, c’est se donner les outils optimaux pour positionner son entreprise dans un environnement en constante évolution. Cela aura un effet bénéfique pour la pérennité de l’entreprise à long terme, tant pour l’entrepreneur actuel que pour sa relève éventuelle.

La crise actuelle fait ressortir la nécessité de bien planifier ses investissements et de conserver des marges de manœuvre. Vous direz : « Mais comment pouvions-nous prévoir une pandémie mondiale ? » C’était impossible, mais les entreprises qui auront eu une planification stratégique prospère auront plus de latitude dans les actions à prendre durant cette période difficile qui touche l’ensemble des industries de l’économie mondiale.

La vraie « game », c’est se donner une direction d’entreprise pour être viable à long terme.

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