JEAN-PHILIPPE MERCIER
Conseiller technique
en production porcine
Agri-Marché inc.
FANY GIROUX
Superviseur aux opérations
en production porcine
Agri-Marché inc.
En collaboration avec Olivier Bilodeau, C.d’A.Ass, CRM et Serge Delisle, Courtiers en assurance de dommages.
Les assurances sont souvent vues comme un mal nécessaire. On veut nous faire changer des pièces d’équipement ou une entrée électrique dans notre ferme, ou alors nous faire procéder à des tests d’alarme et de génératrice. La raison en est bien simple : réduire au minimum votre risque de voir tous vos efforts partir en fumée. Comment devriez-vous vous assurer et pour quel montant, qu’implique le contrat entre la compagnie d’assurance et vous ? Voici quelques aspects à prendre en considération pour faciliter à la fois votre tâche et votre réclamation si un incident survenait.
POUR QUELLE VALEUR DEVRAIT-ON S’ASSURER ?
Deux aspects importants sont à prendre en compte. D’une part, votre créancier demandera que votre assurance couvre minimalement la valeur de votre prêt. Si quelque chose survient, votre dette est ainsi couverte et le créancier est heureux. D’autre part, tout dépend de votre patrimoine, cette partie qui est à vous. Il faut l’assurer pour la valeur de reconstruction, c’est-à-dire ce qu’il en coûterait pour reconstruire le même genre de ferme. Il y a aussi la règle proportionnelle : en somme, si vous avez un bâtiment d’une valeur de 1 000 000 $ et que vous l’assurez pour 800 000 $, vous ne recevrez pas plus que ce dernier montant en cas de perte totale. La règle veut aussi que si ce bâtiment d’une valeur de 1 000 000 $ était couvert pour 500 000 $ et qu’un dommage partiel survenait (par exemple un effondrement à cause de la neige) et qu’il y avait pour 30 000 $ de bris, vous recevriez seulement 15 000 $ de votre assureur puisque votre bâtiment est assuré à 50 % de sa valeur de reconstruction.
LA PERTE DE REVENUS
Votre contrat d’assurance couvre la perte de revenus à une certaine hauteur, qui est inscrite en pourcentage ou en montant. Il s’agit de la perte du revenu que votre entreprise aurait enregistré si les affaires avaient continué comme à l’habitude, par exemple le revenu que vous obteniez avant un sinistre. Prenons le cas où votre porcherie aurait subi un sinistre et serait une perte totale.
Vous n’avez plus de revenus, mais vous avez encore des dépenses. L’assurance contre la perte de revenus vise à vous permettre de payer vos factures et à combler vos besoins financiers en attendant la reconstruction et la reprise de la production. La meilleure personne pour évaluer vos besoins en la matière est votre comptable.
Certains assureurs offrent l’option 18 mois étant donné l’ampleur des bâtiments (exemple : maternité)
Les productions sous gestion de l’offre doivent tenir compter de la possibilité de louer leur quota, ce qui remplace une partie de leurs revenus. La plupart des compagnies d’assurance couvrent la perte de revenus sur une période de douze mois.
PAS ENCORE DES TESTS !
On va se le dire : même si ça ne prend normalement qu’une quinzaine de minutes, personne n’aime faire des tests de système d’alarme et de génératrice. Vous savez quoi ? Les compagnies d’assurance n’exigent pas de test… mais vous devez faire la preuve que votre système était opérationnel lors d’un incident pour être dédommagé. Si vous avez eu un appel de la centrale il y a dix-huit mois, votre compagnie d’assurance peut miser là-dessus pour tarder à payer ou refuser de le faire. Le producteur doit prendre l’engagement formel auprès de sa compagnie d’assurance de s’assurer que le système, au meilleur de sa connaissance, est opérationnel. En ce qui concerne nos fermes et les fermes avec lesquelles nous travaillons à forfait, nous faisons un test de système d’alarme et de groupe électrogène à chaque début de lot dans les engraissements et aux six mois dans les maternités et pouponnières.
UN CAS VÉCU
Pour vous démontrer à quel point il ne faut pas lésiner sur la vérification du système d’alarme, mentionnons un incident survenu en 2019. En mars, une conseillère qui suivait un troupeau avait demandé à quelques reprises à un producteur de procéder à des tests d’alarme. Par manque de temps, les tests n’ont pas été faits. La batterie du système Agri-Alert a par ailleurs fait défaut; le producteur se faisait avertir aux trente minutes de la changer, si bien qu’il a décidé de la débrancher le temps de régler le problème. En mai, il y a eu un problème lié à un contrôle de la ventilation et le disjoncteur a sauté. Il n’y avait plus de ventilation dans la chambre et plus de 200 porcs prêts pour l’expédition ont suffoqué. On devine la suite : comme l’assureur a démontré que le client avait fait preuve de négligence, il n’y a pas eu de remboursement pour les pertes encourues.
Une expression dit qu’on paie pour apprendre… et certaines fois, il en coûte plus cher que d’autres. Depuis, il va sans dire le système de la ferme est bien entretenu et que des tests sont effectués à chaque début de lot. De plus, le producteur a ajouté un système permettant de détecter les anomalies électriques et de l’en avertir en temps réel.
Cet incident pourrait arriver à n’importe qui. Vous pouvez par contre vous protéger de ce genre de pertes, alors ne négligez pas l’importance de vérifier que vos appareils sont fonctionnels et de conserver des preuves de leur bon fonctionnement.
Cet article se voulait un petit survol de quelques points à prendre en considération lors de l’achat d’une assurance et un rappel de l’importance de répondre aux conditions de l’assureur en cas de sinistre et de demande de dédommagement de l’assuré. Il faut bien comprendre que l’assurance est là pour payer s’il y a des pertes… mais on vous demandera de faire la preuve que vous avez fait de votre mieux pour que le sinistre ne survienne pas, et que vous seriez prévenu le plus rapidement possible s’il survenait.