JEAN-PHILIPPE MERCIER, T.P.
Conseiller en production porcine
Agri-Marché inc.
Vous connaissez certainement cet adage qui nous fait souvent défoncer notre budget lors de rénos parce que mal planifié. Dans le domaine agricole, si le « tant qu’à y être » est bien planifié et réfléchi, il n’y a pas de raison que ce ne soit pas pour le mieux. Voici les rénovations qui ont été apportées aux bâtiments de la Ferme René Harton, située à Saint-Épiphane au Bas-Saint-Laurent.
René Harton exploite 4 engraissements sur 2 sites totalisant 5 400 places dans le comté de Rivière-du-Loup. En 2015, il a commencé à faire affaire avec Agri- Marché pour son approvisionnement en porcelets, moulée et services. Il commence à entrer des porcelets à 6 kg pour faire du sevrage-abattage. Avec des bâtiments d’environ 20 ans lattés au tiers, il passait beaucoup de temps à gratter les porcelets et à mettre de la ripe pour assécher les planchers, le genre de tâches physiques qui ne sont pas essentielles lorsque les installations sont optimales. Après quelques années à fonctionner de cette façon, il décide d’amorcer des rénovations pour remettre ses bâtiments à jour.
TESTER LA TECHNOLOGIE
En 2017, M. Harton a procédé à l’agrandissement de son site 1 de 600 places et y a installé presque toute la technologie disponible : Contrôleur GENIUS iTouch avec la gestion à distance sur FarmQuest, balance trieuse GENIUS,
full latte, compteur d’eau. Il utilise cette section pour les départs des 2 500 porcelets de 6 kg. Je vous entends déjà dire « En sevrage-abattage, on double les porcelets, on ne les quadruple pas ! »…De là l’importance de la gestion de l’équipement. Voici comment M. Harton fonctionne.
On voit ici la ligne de soigneur qui se prolonge pour ajouter des mangeoires afin d’accueillir la totalité des porcelets à 6 kg pour ce site.
Un des aspects les plus importants pour réussir les départs des porcelets postsevrage est l’accès à l’eau en quantité
suffisante. Il est recommandé d’avoir un maximum de 15 porcelets par bol d’eau. L’utilisation d’abreuvoirs amovibles
permet de venir combler ce besoin. En ce qui concerne l’accès à la trémie, M. Harton a allongé sa ligne de soigneur et
ajouté des descentes pour disposer des sections non utilisées pour le départ des porcelets plus loin dans la salle. Cela
permet aux animaux d’avoir leurs 1 pouce de trémie par porcelet (source : PIC).
Abreuvoir amovible qui est enlevé en cours de lot lorsque les porcs sont détassé dans d’autres salles
Ensuite, en détassant, M. Harton augmente l’accès à 1,5 po par porcelet autour de 12 kg pour atteindre 2 po par porc autour de 60 kg. En matière de ventilation, plus il y a d’animaux, plus on peut se permettre de changer l’air sans abaisser la température; davantage d’animaux dégagent des BTU, ce qui réduit le chauffage nécessaire. Avec ce type de gestion, M. Harton estime avoir diminué sa facture de propane du tiers, ce qui n’est pas négligeable ! Un porcelet peut disposer de 2 pi2 jusqu’à 14 kg (source : Excellence du porc canadien). Après la moulée Junior Poupon (7-12 kg), M. Harton commence à détasser les porcelets dans les autres sections. Il arriver à gérer un grand groupe en donnant une chance aux plus petits; une proportion de 10 % des porcelets, soit les plus petits, sont placés dans une autre pièce pour leur offrir une surveillance particulière et les traiter aux petits oignons. Si on résume, on a donc l’eau, la moulée, l’air, les pieds carrés et un éleveur qui prend le temps de faire des tournées efficaces de ses porcelets; tout y est pour
réussir les départs !
LES SORTIES, MAINTENANT
M. Harton a poursuivi la mise à jour des sections de ses engraissements. En 2018, il a rénové 3 sections de 500 places. Comme il en fait beaucoup de lui-même, il a repris son souffle en 2019. 2020, il a rénové 2 sections de 500 places et prévoit rénover 1000 autres places en 2021. L’autre partie du travail physique en engraissement a trait aux sorties. Pour améliorer sa situation, M. Harton est allé jusqu’à demander à un équipementier d’améliorer ses balances trieuses. La prochaine à entrer dans la ferme pourra sélectionner deux groupes de porcs différents et en marquer un des deux avec de la peinture. L’objectif de cet ajout est de maximiser l’utilisation des balances, et donc la restriction de l’accès aux mangeoires qu’elles causent lorsqu’elles sont en fonction.
Voici comment M. Harton veut fonctionner. Lors de la première pige, il sélectionnera les porcs prêts à sortir la semaine suivante (ex. : 120 kg et +) sans les marquer. Le deuxième groupe sélectionné (ex. : 113-119 kg) aura une marque de couleur. Il sélectionnera aussi les plus petits (90 kg et -) sans marque de couleur. Ces derniers sortiront à la fin; il ne sera donc pas nécessaire de les faire passer dans la balance à toutes les semaines et de restreindre les autres. Il les
déplacera donc dans la section en parc pour le reste de l’élevage. Lorsque le parc de sélection sera plein deux ou trois heures après le début de la pesée, M. Harton le déménagera dans les sections de bâtisses qui sont encore en parc et ramènera de ses parcs dans la section cafétéria. En faisant des tests maison, il a observé que les porcs des parcs suivaient ceux de la cafétéria et apprenaient facilement à passer dans la balance trieuse. Il a fait cette manipulation
à deux ou trois reprises et en quelques heures de pesée, les sorties étaient sélectionnées pour l’équivalent de trois
semaines. Il n’avait qu’à démêler les porcs sélectionnés et faire une autre pesée deux semaines après, et les pesées étaient terminées. Avec ce type de gestion, M. Harton estime pouvoir gérer 1 200 porcs par balance trieuse.
Toujours se remettre en question nous permet d’avancer et de s’améliorer. M. Harton l’a bien compris et le met en
pratique. En maintenant une saine compétition/stimulation des porcs, il maximise leurs croissances et l’efficacité de
ses bâtiments. Si vous avez des interrogations liées aux informations que vous venez de lire, n’hésitez pas à communiquer avec un conseiller d’Agri- Marché pour avoir de plus amples informations.