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Quels marchés LA PANDÉMIE A-T-ELLE LE PLUS AFFECTÉS EN 2020?

by Josianne Bouchard
3 min.
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ÉLIZABETH GRAVELINE, agr.
Conseillère en nutrition laitière
Lactech inc

Nul besoin de rappeler les conditions dans lesquelles l’année 2020 s’est amorcée : la crise ferroviaire, l’automne précédent peu clément pour les récoltes et les incertitudes sur les marchés internationaux ont rendu la vie difficile aux agriculteurs en fin d’année 2019. Malheureusement, ce n’était pas une situation plus stable qui les attendait à la suite des festivités du Nouvel an ! Après un continent en flammes, un président qui s’est attiré les foudres de l’Asie et un conflit pétrolier, une pandémie nous est tombée dessus au mois de mars. Tout s’est arrêté…mais les gens n’ont pas arrêté de manger.

Comment la pandémie a-t-elle affecté les différents marchés agroalimentaires au Québec ? Dressons un point de vue global de son impact sur les grands secteurs

GRAINS : LES GRANDS GAGNANTS DE LA PANDÉMIE

Au début de la crise, la diminution de la demande pour l’éthanol estimée à une hauteur de 9 millions de tonnes
mondialement a fait craindre une baisse du prix du maïs. Cependant, la reprise économique a fait augmenter le pouvoir
d’achat de la Chine et la valeur de sa monnaie.

L’achat massif de grains par la Chine à la suite de la reprise économique a fait monter les prix à un niveau historique. Cela s’explique par son besoin d’augmenter sa sécurité alimentaire dans un contexte d’incertitude politique et sanitaire, son stockage important de denrées alimentaires et la reconstitution de ses cheptels porcins.

Cette hausse soudaine de la demande combinée à une offre mondiale réduite sont les facteurs qui expliquent en ce moment le prix des grains, surtout celui du soya. L’offre mondiale est limitée, non pas par la pandémie mais bien par des conditions climatiques qui ont été peu clémentes pour la culture des céréales, et ce, tant pour l’Union européenne qu’en Asie ou en Amérique.

Source : https://www.pgq.ca/articles/servicesdinformation- sur-les-marches/portrait-quebec/ prix-aux-producteurs/

PORC : UNE CHAÎNE INTERDÉPENDANTE À L’ÉQUILIBRE FRAGILE

Le secteur, déjà malmené, n’a pas eu la même chance que celui des grains en 2020 puisque rapidement, les éclosions de COVID-19 dans les rares usines de transformation ont forcé leur fermeture. S’en est suivie une congestion dans la filière, et des centaines de milliers de porcs sont restés en attente sur les fermes.

Malgré la réouverture, le retard d’abattage s’est étiré dans le temps et le prix du porc s’en est une fois de plus ressenti à la mi-avril, atteignant un plancher. Cependant, le prix plafond de l’année a été atteint quelques semaines plus tard, soit au début de mai. Une baisse a suivi à l’été, puis une remontée à l’automne, pour terminer l’année pratiquement au même niveau qu’elle avait commencé. L’année 2020 aura été une année d’instabilité pour les producteurs de porcs, et
la pandémie en est assurément une des cause.

Source : http://www.cdpq.ca/pages/prix-du-porc. aspx

OEUFS ET LAIT : QUAND L’ORGANISATION NOUS JOUE DES TOURS

Les secteurs sous gestion de l’offre ont rapidement encaissé le choc en début de pandémie. Les défis se sont surtout
présentés au niveau du conditionnement et de la distribution des produits.
La demande d’oeufs de calibre moyen, populaires entre autres auprès des restaurateurs, a chuté drastiquement en mars alors que celle pour les oeufs de gros calibre, populaires en épicerie, a explosé. De son côté, le secteur du poulet de chair a prévu le coup en diminuant le cheptel; 200 000 poussins et 2 millions d’oeufs d’incubation auront été
détruits en vue de rééquilibrer l’offre et la demande.
Les produits laitiers ont vécu une situation semblable, en particulier le lait de consommation qui est conditionné différemment selon la clientèle. Les perturbations sur le marché n’ont pas causé une grande variation du prix, mais les
producteurs laitiers ont dû encaisser le coup en jetant environ 5 millions de litres de lait en avril.
La pandémie de COVID-19 nous aura appris d’importantes leçons. D’abord, notre système agroalimentaire est sans aucun doute efficace, et ses acteurs plus que résilients. Nous pouvons tous nous féliciter puisque globalement, les aliments de base et essentiels n’ont pas été en rupture de stock. Une faille de notre système se situent au niveau de l’interdépendance des maillons de la chaîne; une perturbation crée une congestion tout au long de cette dernière. Cela peut engendrer de la spéculation, des paniques alimentaires et, dans des cas extrêmes, des pénuries de denrées. La pandémie ouvre aussi à nouveau le débat sur la gestion de l’offre et fait renaître les questionnements sur la pertinence de ce système. Des actions extrêmes afin de protéger et d’assurer l’équilibre de marché ont dû être entreprises, et cela va à l’encontre du phénomène de libéralisation des marchés et des échanges à l’échelle mondiale. Il pourrait être intéressant de comparer à moyen terme l’impact de la pandémie sur l’économie des différents productions agricoles selon leur système de mise en marché.
La pandémie ouvre aussi à nouveau le débat sur la gestion de l’offre et fait renaître les questionnements sur la pertinence de ce système. Des actions extrêmes afin de protéger et d’assurer l’équilibre de marché ont dû être
entreprises, et cela va à l’encontre du phénomène de libéralisation des marchés et des échanges à l’échelle mondiale.
Il pourrait être intéressant de comparer à moyen terme l’impact de la pandémie sur l’économie des différents productions agricoles selon leur système de mise en marché.

SECTEUR AGROTOURISTIQUE : L’ÉTÉ A SAUVÉ LA MISE

Tout comme dans le secteur des grains, la première vague a fait entrevoir le pire aux exploitants des entreprises agrotouristiques du Québec. Les producteurs de grands gibiers ont été particulièrement affectés, leurs principaux clients étant les hôtels et restaurants, et plusieurs ont été contraints d’abandonner la production.

Le déconfinement et la reprise des activités juste à temps pour la saison estivale ont sauvé la donne alors que les régions ont pu profiter de la clientèle urbaine qui sortait habituellement de la province pour les vacances.
Finalement, l’été 2020 aura été exceptionnel pour l’économie des régions.

Crédit photo: La vallée du wapiti

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