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Maladie de Gumboro : TOUJOURS D’ACTUALITÉ?

by Josianne Bouchard
3 min.
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DIANE BRODEUR, DMV
Directrice des services techniques Volaille
Ceva Animal Health Canada

L’industrie de la volaille a considérablement évolué au cours des dernières décennies. Une demande accrue pour des volumes plus élevés, une meilleure qualité et des prix compétitifs a conduit à l’industrialisation, l’intensification et la concentration de la production. Cela a mis beaucoup de pression sur les animaux qui ont le potentiel génétique pour un rendement en viande plus élevé et une meilleure efficacité alimentaire, ce qui a entraîné un risque accru de maladies infectieuses contagieuses. Les pressions pour réduire l’utilisation d’antibiotiques et d’autres produits chimiques et éliminer les agents responsables de toxi-infections alimentaires et de zoonoses chez l’humain se sont énormément accrues, obligeant les producteurs à encore mieux comprendre et contrôler les maladies. Dans ce contexte, la biosécurité et la vaccination se sont fortement améliorées et sont devenues des outils essentiels.

La première identification de la maladie de Gumboro a été faite au début des années 1960 dans la petite ville américaine de Gumboro, au Delaware. C’est pourquoi de nombreuses personnes appellent le virus de la bursite infectieuse ainsi. Depuis cette petite ville et en quelques décennies, le virus, ou un nouveau pathotype correspondant d’un virus plus ancien, s’est propagé à presque tous les pays producteurs de poulets de la planète. Bien que 60 ans se soient écoulés depuis que la bursite infectieuse a rejoint la liste des maladies de la volaille et que des vaccins
ont été utilisés, le virus est encore présent et figure toujours parmi les cinq principaux problèmes infectieux aviaires dans presque tous les pays. Cela peut s’expliquer par la résistance incroyablement élevée du virus de la maladie de Gumboro, qui lui permet de survivre dans le poulailler en l’absence de poulets pendant les périodes de vide sanitaire malgré le nettoyage et la désinfection, ainsi que par sa capacité à échapper à la post-infection ou aux immunités passive et active par sélection de mutants antigéniques.

Clinique au moment de sa première description aux États-Unis, c’est aussi ainsi que la bursite infectieuse a été initialement signalée dans de nombreux pays. Aujourd’hui, même si la forme virulente est encore fortement présente dans certains pays, il existe une tendance globale à une forme subclinique comme c’est le cas chez nous. Mais le coeur du problème est le virus, pas nécessairement la maladie de Gumboro.

L’efficacité d’un programme de vaccination en présence de forme subclinique est évidemment plus difficile à contrôler que lorsque la forme clinique est présente. L’échec d’une vaccination peut facilement passer inaperçu. Mais il signifie
alors qu’une infection des oiseaux par une souche de champ est possible. Cela peut ne pas provoquer un effet négatif
immédiatement perceptible, mais permettre à la souche virale de se multiplier, de produire naturellement des variantes et de se propager, avec deux conséquences très importantes qui nuiront aux futures performances du poulailler ou de la ferme sur le plan de la santé ou économique :

  • La pression virale, c’est-à-dire la quantité de virus à laquelle les poulets du prochain lot seront exposés, augmentera.
  • Une possibilité qu’une variante du virus colonise la ferme sera créée. Les souches virales de bursite infectieuse
    qui se multiplient sont alors les mieux adaptées pour contourner la protection passive (issue de la mère) et la
    protection active (développée par la progéniture) contre la vaccination

Un programme de vaccination vraiment réussi doit assurer non seulement la protection contre les signes cliniques
après une infection, mais également la prévention de la maladie en diminuant la population de virus de la maladie de
Gumboro excrétée. On évite ainsi que la pression virale dans le poulailler n’augmente, tout en réduisant significativement le risque d’émergence d’un virus variant.

PROTECTION et PRÉVENTION sont donc les deux objectifs assignés à un programme de vaccination de la bursite infectieuse visant un véritable contrôle de la maladie. Cela doit être bien compris et intégré à un plan d’action à long terme.

Dans la prochaine publication de la revue, j’expliquerai les points clés à prendre en compte et à comprendre pour réellement mettre en oeuvre un véritable contrôle de la maladie de Gumboro, comment y parvenir en termes pratiques, ainsi que les caractéristiques des différents vaccins disponibles.

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