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LA HAUSSE DE LA DENSITÉ D’ÉLEVAGE, UNE SOLUTION QUI A DES IMPACTS

by Aryann Denis
karine

KARINE VALIQUETTE, agr., M. Sc.
Experte en nutrition avicole
Agri-Marché inc

La hausse de la densité animale est souvent la première solution appliquée dans l’élevage des poulets lorsque les taux d’allocation de quotas sont en hausse. Pour la santé des oiseaux, ce choix est préférable à l’ajout d’un lot d’élevage supplémentaire dans une période qui entraîne une adaptation du calendrier et cause des vides sanitaires plus courts. Mais quels sont les impacts de la densification?

Une densité animale plus élevée augmente la pression de l’environnement sur les poulets de chair et compromet le bien-être des oiseaux et les performances zootechniques. Lorsqu’on augmente le nombre d’individus dans un poulailler, on limite l’accès des oiseaux à la mangeoire, ce qui contribue à détériorer les performances. Mais peut-on fournir un aliment qui permettrait de compenser la baisse de performance causée par le manque d’accès? Cet ainsi, qu’au courant de l’automne 2021, nous avons fait un essai sur les poulets de chair grâce à la ferme de recherche d’Agri-Marché située à St-Charles-de-Bellechasse pour valider cette hypothèse.

LE PROJET DE RECHERCHE

Afin de bien mesurer les effets de l’augmentation de la densité d’élevage, nous avons réduit la grandeur de la moitié des parquets dans la ferme de recherche. Cette modification nous a permis de mettre le même nombre de poulets par parc tout en augmentant la densité d’élevage à 37 kg/m2 en comparaison de 25.5 kg/m2 dans les parcs non modifiés. Des mesures de poids, de consommation d’aliments et de mortalité ont été prises tout au long de l’élevage. De plus, comme la densité peut impacter le bien-être, nous avons prélevé des échantillons de litière à la fin de la période d’élevage et nous avons évalué la pododermatite qui est un bon indicateur de la confiscation à l’abattoir.

LES RÉSULTATS DE DENSITÉ

Les résultats présentés dans le tableau 1 démontrent que les poulets ont moins bien performé lorsque la densité d’élevage était élevée. En effet, les poulets ont obtenu un gain inférieur de 2% et une conversion alimentaire 2% plus élevée avec la densité d’élevage élevée. Les analyses de la matière sèche des litières nous a permis de conclure que les parcs contenant plus de poulets par m2 contenaient une litière 10% plus humide que les parcs moins denses. Bien que l’analyse nous le confirme, le personnel de la ferme avait noté que les parcs à haute densité avaient une moins belle litière. La détérioration de l’état de la litière a eu un effet négatif direct sur la pododermatite qui était 3 fois plus élevée dans les parcs à 37 kg/m2, ce qui se traduirait en une hausse de confiscation.

LES RÉSULTATS AVEC L'ALIMENT

Les résultats présentés dans le tableau 2 démontrent que l’utilisation de l’aliment test n’a pas permis d’améliorer significativement les performances, bien qu’on observe une amélioration numérique du poids et du gain. Les analyses de la matière sèche des litières nous a permis de conclure que l’aliment test ne permet pas de réduire les impacts de la densité d’élevage sur l’humidité de la litière et conséquemment, ne permet pas de réduire la présence de pododermatite qui est similaire entre les 2 groupes. Mais cet effet bénéfique de l’aliment test sur le poids se traduirait-il en profit ? Malheureusement, la modification de l’aliment a détérioré le profit de 1%, puisque le coût d’alimentation plus élevé n’a pas été compensé par une assez grande amélioration de performances.

LES IMPACTS ÉCONOMIQUES DE LA DENSITÉ

Un calcul de l’impact économique d’une hausse de densité dans un poulailler de 940 m2 ayant une densité de 25.5 kg/m2 et devant augmenter le nombre de poulets produits à 37 kg/m2 nous permettra d’y voir plus clair. La simulation présentée dans le tableau 3 est basée sur les performances observées dans notre ferme de recherche et présentée dans le tableau 1. Au global, l’augmentation de nombre de poulets dans le poulailler a permis d’augmenter le profit de 4382 $, ce qui représente une hausse de 31% du profit. Une comparaison du profit par m2 nous indique aussi que le profit du poulailler a été supérieur en y plaçant un plus grand nombre de poulets. Cependant, lorsqu’on tient compte de la baisse de performance en comparant le profit par kg de poulets produits, on remarque que la hausse de la densité a eu un impact négatif sur le profit. En effet, chaque kg de poulet nous rapporte 0.053 $ de moins lorsqu’on a une forte densité.

La hausse de la densité d’élevage est une solution intéressante lorsqu’on ne peut pas investir dans les infrastructures et qu’on est confronté à une hausse des droits de production. Globalement, l’augmentation du nombre de poulets produits rapporte plus à l’éleveur. Cependant, l’évaluation de la performance technico-économique doit tenir compte de l’impact négatif de la haute densité en ajoutant le nombre de kg/m2 dans l’analyse. En effet, lorsqu’on compare 2 lots d’élevage qui ont subi des changements de régie, d’approvisionnement ou autre, on doit avoir en tête que l’augmentation du nombre de poulets a eu un impact négatif sur la performance et le profit au kg et on doit donc s’assurer que la prise de décisions sur les changements apportés le prend en considération. L’équipe d’Agri-Marché poursuit ses efforts de recherche pour s’adapter aux défis de l’industrie afin de fournir à nos clients un produit de grande qualité répondant à la réalité du marché.

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