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FLAMBÉE DES COÛTS D’ALIMENTATION

by Josianne Bouchard
3 min.
PORC_Photo auteur_Aurelie Moulin carrée

AURÉLIE MOULIN, agr.
Conseillère en nutrition porcine
Agri-Marché inc

Cela n’a échappé à aucun d’entre vous, les coûts d’alimentation ne cessent de battre des records depuis l’automne 2020 (Figure 1). Quand et où cela s’arrêtera-t-il ? Bien difficile de le prédire. Vous vous dites probablement que vous n’avez aucun contrôle sur le prix des aliments et que vous devez vous résoudre à voir votre coût de production flamber sans pouvoir rien n’y faire… Détrompez-vous ! Plusieurs actions peuvent être mises en place en vue d’optimiser vos coûts d’alimentation.

COMMENT EN EST-ON ARRIVÉ LÀ ?

La forte hausse des prix d’ingrédients au cours des derniers mois s’explique essentiellement par une très forte demande mondiale pour les produits agricoles, en particulier de la part de la Chine qui a drastiquement augmenté ses importations, combinée à de faibles stocks en maïs et en fève de soya. La météo a également fait des siennes, créant des inquiétudes qui se sont répercutées sur les marchés des commodités.

CE QUE VOTRE CONSEILLER EN NUTRITION PEUT FAIRE

Bien que votre conseiller en formulation ne contrôle pas le prix des ingrédients, il a néanmoins plusieurs cordes à son arc pour optimiser les coûts d’alimentation.
Il sait par exemple que la caractérisation de la valeur nutritionnelle des matières premières est un aspect essentiel de la maîtrise des coûts. Plus les matières premières sont caractérisées de façon précise, plus les recettes sont formulées justement. 

Figure 1 : Évolution des coûts d’alimentation d’un porc en engraissement depuis 3 ans (référence : 100 % = juillet 2018)

Dans le cadre de notre programme de contrôle qualité des ingrédients, nous réalisons plusieurs milliers d’analyses chaque mois. Grâce à ces analyses et à la mise à jour régulière des valeurs nutritionnelles de nos ingrédients, nous nous assurons de formuler adéquatement nos aliments en tenant compte des caractéristiques des matières premières utilisées au moment de leur fabrication. Ceci limite au minimum les risques de sous-formulation ou surformulation (correspondant respectivement à un déficit ou à un excès de nutriments comparativement au niveau formulé dans la recette) et les pertes financières potentielles qui y sont associées.

Votre conseiller en nutrition sait également qu’une bonne connaissance des besoins nutritionnels de vos animaux est primordiale pour concevoir les aliments et les programmes alimentaires qui vous permettront d’optimiser la rentabilité de votre entreprise selon votre système de production. Vous avez par exemple été nombreux à être confrontés au problème des porcs en attente au cours de la dernière année. Aussi, pour vous accompagner dans ce contexte particulier, nous avons développé un nouvel aliment, appelé Phase 5, spécifiquement formulé pour ralentir la vitesse de croissance des porcs et réduire les coûts d’alimentation durant la période d’attente, période au cours de laquelle la conversion alimentaire est la plus élevée et le coût d’alimentation par kilogramme de gain est le plus important. Selon la durée d’alimentation avec cet aliment, l’abattage a pu être retardé jusqu’à 3 à 4 semaines et les coûts d’alimentation réduits jusqu’à environ 5 $/porc comparativement à l’utilisation de l’aliment Phase 4.

Enfin, votre conseiller en nutrition reformule régulièrement ses recettes, selon les fluctuations des marchés, de façon à maintenir les plus bas prix possibles. Il peut par exemple ajuster le taux d’incorporation de certains ingrédients, favoriser l’utilisation de sous-produits, ou encore utiliser judicieusement les acides aminés de synthèse selon le prix des ingrédients protéiques comme le tourteau de soya.

CE QUE VOUS POUVEZ FAIRE

N’oubliez pas que même si vous ne contrôlez pas le coût des aliments, vous contrôlez la façon dont vous utilisez ces derniers à la ferme. Voyons donc ce que vous pouvez faire pour optimiser vos coûts d’alimentation.

L’une des premières choses est de vous assurer de suivre votre programme alimentaire, c’est-à-dire le programme prévoyant les aliments et leur quantité à fournir par animal selon les strates de poids. Comme mentionné précédemment, votre programme alimentaire a été conçu par votre conseiller en nutrition dans le but de maximiser la rentabilité de votre entreprise. Pourtant, il n’est pas rare de voir que les quantités d’aliments recommandées ne sont pas respectées, sans qu’aucune raison particulière (ex. : maladie) ne le justifie. Il peut en effet être tentant de distribuer un peu plus d’aliments Phase 1 et Phase 2 pour améliorer les performances, mais cette pratique est coûteuse et n’a pas souvent l’effet attendu. Prenons l’exemple d’un producteur qui déciderait d’allonger la durée d’alimentation de 3 jours pour chacune de ces phases en pensant améliorer les performances de ses animaux en santé. Ce producteur augmenterait ses coûts d’alimentation d’environ 0,50 $/porc, sans effet sur les performances. Alors avant de modifier votre programme alimentaire, n’hésitez pas à contacter votre conseiller en nutrition. C’est la personne la mieux placée pour vous conseiller !

Un autre aspect important à considérer est l’ajustement des trémies. Là aussi, il n’est pas rare d’observer des trémies trop pleines ou trop vides. L’ajustement adéquat des trémies permet d’éviter une restriction alimentaire involontaire et donc une perte de performances, de proposer un aliment frais et appétant, de réduire le gaspillage et d’améliorer la conversion alimentaire. Par exemple, une ouverture trop grande entrainant 5 % de gaspillage en engraissement représente un surcoût de 6,10 $/porc dans le contexte des prix de la dernière année. En pouponnière, nous recommandons d’avoir 1 pouce de trémie par porcelet et au moins 50 % à 60 % du fond de la trémie recouverte d’aliment. En engraissement, nous conseillons une ouverture de 3/4 à 1 pouce et un recouvrement de 50 % pour les trémies sèches.

Photo 1 : Ajustement adéquat d’une trémie sèche

Photo 2 : Ajustement adéquat d’une trémie humide

Quant aux trémies humides, un bon ajustement doit permettre de voir la moulée à travers un fond recouvert d’eau.

N’oubliez pas également d’ajuster vos trémies en cours d’élevage de façon à répondre à la consommation croissante des porcs. Une dernière intervention de votre part, facile à mettre en place et peu coûteuse, concerne l’entretien et le nettoyage de vos silos et lignes d’alimentation. Trop souvent, ces derniers ne sont pas faits aussi fréquemment qu’ils devraient l’être. Vous vous demandez quel est le rapport avec les coûts d’alimentation ? Sachez qu’un silo sale ou mal entretenu (ex. : infiltration d’eau) favorise le développement de moisissures et de mycotoxines qui, même en faibles quantités, peuvent occasionner divers problèmes tels que des retards de croissance ou des troubles digestifs qui se répercuteront sur vos coûts d’alimentation. Ainsi, il recommandé de procéder au nettoyage de vos silos au moins deux fois par année (au printemps et à l’automne). Pour des informations plus complètes, demandez notre fiche sur le nettoyage des silos à votre conseiller.

En espérant que les points abordés dans cet article vous auront apporté des pistes de réflexion et convaincus que vous pouvez également agir sur vos coûts d’alimentation.
N’hésitez pas à nous contacter pour toute question !

BIENVENUE DANS L'ÉQUIPE

Bienvenue à Chantale Gauthier, qui s’est jointe à l’équipe
des ventes porcines le 7 septembre dernier. Fière de son
expertise à titre de productrice et familière avec l’entreprise Agri-Marché, elle saura bien soutenir la clientèle.
Chantale s’occupera du territoire du Centre-du-Québec.

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