JEAN-PHILIPPE MERCIER, T.P.
Conseiller en production porcine
Agri-Marché inc
Mardi le 28 juin en soirée se tenait à St-Bernard une rencontre d’information sur la situation de la production porcine avec des intervenants que l’on n’a pas souvent la chance d’entendre.
En premier lieu, M. Simon Caron, directeur des approvisionnements d’Olymel est venu nous présenter le côté des acheteurs.
Actuellement :
- 13 000 porcs en attente d’ici la fin de la semaine, majoritairement en Beauce à cause des ralentissements depuis la grève de l’abattoir à Vallée-Jonction et de la fermeture de celui de Princeville.
- L’arrivée de nouveaux travailleurs (travailleurs étrangers temporaires et locaux) améliore l’ambiance et l’efficacité du travail dans les abattoirs.
- Vallée-Jonction prépare une diminution de 45% de son volume d’abattage pour 4 semaines à partir du 24 juillet pour concentrer les vacances des employés.
Ce qui a mené à la coupure de 40 $/100kg :
- Le manque de main d’œuvre ne permet pas de faire de transformer la viande (valeur ajoutée) et d’aller chercher un meilleur revenu par porc.
- Une diminution des achats par les Chinois ne permet pas de valoriser les parties moins nobles de la carcasse. Seulement 2 abattoirs sont autorisés à vendre en Chine : l’Ange-Gardien et Yamachiche.
- Coût d’achat des porcs supérieur à celui des abattoirs de l’Ouest Canadien et Américain. Nos abattoirs n’ont pas la capacité ni l’efficacité des abattoirs américains, ce qui augmente leurs coûts d’opération.
Est-ce que M. Caron laisse présager qu’après le 3 juillet la coupure va arrêter ? non…
Est ce qu’il entrevoit qu’elle pourrait être modifiée ? oui…
À suivre!
Ce qu’ils vont faire pour retrouver la rentabilité :
- Miser sur des découpes et transformations à valeur ajoutée pour plus de revenus
- Développer une marque Olymel (marché local)
- Viser plus les marchés ‘’locaux’’ pour moins dépendre de la demande mondiale
- Arrivée de 1200 TET court terme pour améliorer la situation de main d’œuvre. Olymel aurait besoin de 2000 nouveaux travailleurs dans un monde idéal.
Ensuite, il y a eu M. Olivier Blais agr, directeur de comptes chez Desjardins qui est venu nous parler de comment ça affecte les liquidités des entreprises porcines. Le message était bien simple, n’attendez pas d’être rendus au bout de vos finances avant de lever la main pour demander de l’aide! Soyez proactif, transparent avec vos partenaires et il y aura une solution.
Benoit Turgeon agr, CMCA est venu présenter un outil du CDPQ pour faire les budgets. Un point marquant de sa présentation est qu’il fait des budgets depuis 40 ans et que c’est la première année qu’il refuse presque d’en faire à cause de la volatilité des marchés qui sont pratiquement impossibles à anticiper. S’il fait un budget aujourd’hui, celui-ci ne tiendra peut-être plus la route demain… mais l’outil est disponible auprès de vos conseillers de gestion et est efficace en période « normale ».
Pour finir, M. Benoit Désilets, directeur affaire économique ÉPQ est venu nous expliquer le contexte mondial et ASRA. Dans le monde, il se produit 105-110 millions de tonnes de porcs. De ce volume, 12 M de tonnes transigent d’un pays à l’autre dont 44% de ce mouvement juste pour la Chine. En 2019-2020 la Chine importe beaucoup à la suite de ses pertes à cause de la PPA. Avril 2021, baisse marquée de l’écart entre la valeur des coupes primaires et la valeur des exportations, ce qui gruge les marges des abattoirs.
Pour l’ASRA, l’avance versée en juin tient compte du prix payé depuis le début de l’année (avec coupure), celui des prix futurs (sans coupure) et du coût de production 2022 (indexé pour les aliments, électricité, assurances et autre). Une autre avance pourra être versée en août, fin d’année au besoin et paiement final avril 2023. Là aussi le modèle est appelé à changer avec l’étude qui sera fait en 2023 sur l’année 2022.
Toutes les présentations ont été très intéressantes et ont suscité des échanges francs, mais courtois entre les conférenciers et les producteurs présents dans la salle. Une très belle initiative de Michel Mercier qui a eu l’idée de cette rencontre à l’AGA annuel il y a 2 semaines. Le message à retenir de cette rencontre est :
« Contrôlez ce que vous pouvez contrôler (santé de vos troupeaux, performances zootechniques, protection de marge), laissez tomber ce que vous ne pouvez pas contrôler (marché internationaux) et pensez à VOUS, votre santé personnelle, familiale et sociale. Vous êtes la ressource la plus importante de votre entreprise !!»