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LES PROLAPSES CHEZ LA TRUIE, UN RÉEL PROBLÈME

by Aryann Denis
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GABRIELLE TARDIF, M.Sc., agr.
Conseillère en production porcine
Agri-Marché inc

Les prolapses ont vu une augmentation dans les maternités depuis les 5-10 dernières années et représentent 20 à 40 % des causes de mortalité chez les truies. Considérant qu’une truie vaut entre 1 250 $ et 2 100 $, et que de perdre une truie équivaut à une perte de production de 0,25-0,3 porcelet/truie/année, la mortalité due aux prolapses peut être très coûteuse pour une entreprise. Malheureusement, les prolapses ont souvent des causes multifactorielles, ce qui rend le problème très difficile à régler. Il peut y avoir une très grande variabilité de prolapses d’une ferme à l’autre, et ce, même avec la même génétique et la même alimentation. Toutefois, nous connaissons quelques facteurs qui peuvent être responsables des prolapses et sur lesquels nous pouvons agir.  

QUALITÉ ET CONSOMMATION DE L'EAU

Une faible consommation d’eau pourrait mener à des problèmes de constipation chez la truie, ce qui peut résulter en prolapses lors de la mise-bas ou dans les jours suivants celle-ci.

Le premier facteur à vérifier pour assurer une bonne consommation d’eau chez les truies est la qualité de l’eau. Faire une analyse d’eau une à deux fois par année permet de s’assurer que l’eau est adéquate. Aussi, désinfecter les lignes d’eau régulièrement aide à améliorer la qualité et permet de diminuer les problèmes. Certains tests ont démontré que l’utilisation de chlore ou de peroxyde dans l’eau permettrait de diminuer les prolapses d’environ 50 % dans certains cas. Par contre, nous ne connaissons pas la qualité de l’eau initiale avant que ces ajouts aient été effectués. Un autre test ayant été effectué dans une ferme où il y avait une problématique de prolapses a permis de réduire la mortalité de 3-4%, après quelques mois, suite au nettoyage des lignes d’eau ainsi qu’à l’ajout de chlore et à l’acidification des lignes d’eau à un pH de 6-6,5. Il semble donc important d’avoir une bonne qualité d’eau ainsi que des lignes d’eau exemptes de biofilm pour en favoriser une bonne consommation.

La consommation d’eau d’une truie en lactation devrait être d’un minimum de 20 à 25 litres par jour. Le débit est également important et peut varier d’une ferme à l’autre. Il faut donc s’assurer d’avoir un débit à la suce d’au moins 1,5-2L/min pour favoriser une bonne consommation.

Une faible consommation d’eau pourrait également être due à des tensions parasites. Il est donc important de suivre adéquatement la consommation d’eau de vos truies en mise-bas et de vérifier les tensions parasites en cas de problème. 

Pour éviter la constipation, il faut également s’assurer d’avoir :

  • Une moulée avec des niveaux de fibres adéquats, permettant un bon transit intestinal
  • Un niveau de sel pas trop élevé afin d’éviter la rétention d’eau chez la truie
  • Une bonne consommation de la moulée après la mise-bas

Faire lever et marcher 10 à 15 minutes par jour les truies qui semblent constipées pourrait aider à favoriser le transit intestinal.

ALIMENTATION

Un autre élément à considérer pour éviter les prolapses est l’alimentation. Tout d’abord, s’assurer d’alimenter la truie en fonction de sa cote de chair et éviter de sous-alimenter ou suralimenter une truie, surtout vers le milieu et la fin de sa gestation. Il a été démontré qu’une truie trop maigre peut être plus à risque de faire un prolapse à la mise-bas. Une truie trop grasse peut aussi avoir plus de difficulté à mettre bas, avec généralement une durée de mise-bas plus longue, plus de temps entre les porcelets, ce qui peut mener à des prolapses.

De plus, selon certains, le « bump feeding » avant la mise-bas pourrait aussi être problématique si trop de moulée est donnée. Idéalement, il faudrait diminuer à un maximum de 4,5 lbs/jour la quantité de moulée consommée par la truie durant les 2 derniers jours de sa gestation. Ceci ne fait toutefois pas l’unanimité, car la truie a un grand besoin énergétique, principalement en glucides, et ce , avant, durant et après la mise-bas. Si elle ne mange pas assez avant la mise-bas, elle sera en déficit calorique et potentiellement en hypoglycémie car le glucide est le carburant principal de l’utérus durant la mise-bas. Le muscle utérin, qui travaille énormément durant cette période, serait alors moins efficace, ce qui entraînerait un plus grand risque de prolapse. Certains croient également que ce ne serait pas nécessairement la quantité ingérée qui serait importante mais bien le temps entre le dernier repas de la truie et la mise-bas. Selon cette théorie, pour éviter que la truie tombe en hypoglycémie, il serait idéal qu’elle mange avant la mise-bas. Une truie qui a droit à seulement 1 repas par jour, peu importe la quantité ingérée, pourrait avoir des problèmes lors de la mise-bas et être en hypoglycémie si elle met bas plusieurs heures après son repas. Dans ce cas-ci, offrir plusieurs repas par jour ou nourrir à volonté les truies permettrait de diminuer les risques qu’elles tombent en hypoglycémie lors de la mise-bas. Comme il ne semble pas y avoir qu’une seule façon de faire, si vous avez des problèmes de prolapses, discutez avec votre vétérinaire avant d’essayer quoique ce soit qui toucherait l’alimentation avant la mise-bas.

Il faut également éviter les changements soudains d’alimentation, principalement au niveau des ingrédients de la moulée, ceux-ci pouvant créer une variation au niveau de la consommation de la truie et entraîner des problèmes.

Un autre élément concernant l’alimentation est la présence de mycotoxines, principalement la zéaralenone, dans la moulée. Le seuil de tolérance pour cette toxine se situe à 500ppb. Sa présence au-dessus du seuil de tolérance dans la moulée pourrait être responsable de prolapses chez la truie. Un bon moyen de vérifier si cela pourrait être la cause est d’analyser la moulée, idéalement dans la trémie des truies ayant prolapsé si elle n’a pas toute été consommée, et de vérifier la présence de vulves rouges chez les truies lors de la mise-bas. Les mycotoxines peuvent également travailler en synergie, c’est-à-dire que, lorsque plusieurs d’entre elles sont présentes dans la moulée, même si elles ne sont pas au-dessus du seuil de tolérance, elles peuvent tout de même avoir des effets néfastes et causer des prolapses. Malheureusement, nous ne connaissons pas les seuils à ne pas dépasser pour éviter leur synergie. Pour diminuer le risque de présence de mycotoxines, s’assurer de nettoyer les silos régulièrement.  De la moulée peut coller sur les parois des silos et favoriser la précense de moisissures et de mycotoxines causant des prolapses. Ne pas oublier également de nettoyer les descentes de moulées et les boîtes de moulées en gestation et en lactation, où la moisissure peut aussi s’accumuler et causer des problèmes.

SANTÉ ET PRATIQUES D'ÉLEVAGE

Tout d’abord, les infections urinaires peuvent augmenter l’inconfort de la truie. La force exercée par celle-ci lorsqu’elle urine augmente la pression au niveau des muscles périnéaux, pouvant mener à des prolapses. L’acidification de l’eau ou de la moulée peut aider aux problèmes récurrents d’infections urinaires.

Il faut également faire attention avec l’injection d’hormones lors de la mise-bas, principalement l’ocytocine, puisqu’une surutilisation de cette hormone pourrait engendrer de fortes contractions et résulter en un prolapse vaginal ou utérin. On devrait idéalement utiliser l’ocytocine le moins possible, nous recommandons d’injecter la truie s’il y a déjà 6 à 7 porcelets de sortis, si plus de 45 minutes passent entre les sorties de porcelets ou si elle a été fouillée 2 fois sans sortir de porcelet. Concernant l’utilisation du planate pour l’induction de la mise-bas, certains pensent que l’âge et le poids des porcelets pourraient mener à plus de prolapses. Plusieurs vont donc déclencher la mise-bas des truies pour éviter qu’elles mettent bas 2 à 3 jours après la date prévue. Bien que, théoriquement, il serait logique que des porcelets plus gros rendent la mise-bas plus difficile pour la truie,  il ne semble pas y avoir de preuves directes. Pour certains, cela aiderait et pour d’autres ça ne changerait rien. Donc, encore une fois, ça serait un point à discuter avec votre vétérinaire.

Au final, comme c’est un problème multifactoriel, il peut être très difficile de mettre le doigt sur la/les causes exactes, surtout que certaines causes non discutées plus haut peuvent être hors de notre contrôle (grosseur des portées, génétique, etc.). Toutefois, quelques éléments peuvent être vérifiés si jamais vous avez des problèmes de prolapses dans votre maternité. N’hésitez pas à consulter votre conseiller et votre vétérinaire qui pourront vous aider à déterminer la ou les causes possibles.

Références :

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