MÉLANIE LAPOINTE
Conseillère en production porcine
Agri-Marché inc.
DR JAQUES MICLETTE
Vétérinaire
Agri-Marché inc.
À l’approche de l’hiver, il faut être prêt à faire face aux variations de température ainsi qu’aux températures relativement froides. Les porcs sont particulièrement sensibles à ces changements, qui peuvent les prédisposer à des problèmes respiratoires associés à différents organismes pathogènes.
Il y a une dizaine d’années sont apparus des problèmes respiratoires qui n’étaient que rarement mis en évidence dans le passé. Les porcs affectés montraient à divers degrés des lésions à la trachée, le conduit qui permet à l’air de se rendre du groin de l’animal aux poumons. La fréquence de ce problème a augmenté graduellement et celui-ci est aujourd’hui rencontré sur une base plus ou moins régulière dans nos élevages. Sa cause n’est pas claire. Il affecte souvent des porcs en bon état de chair et les symptômes sont encore plus marqués lorsque ces derniers sont en fin d’élevage.
Les lésions liées à une trachéite peuvent non seulement irriter la muqueuse et entraîner de la toux mais aussi diminuer le diamètre de la trachée, ce qui évidemment réduit la quantité d’air que l’animal peut respirer (Figure 1). Le porc affecté se retrouve en position de faiblesse par rapport aux autres sujets dans le parc et il est vite repéré par ses confrères. Il se fait battre et a tendance à s’isoler parce qu’il cherche de l’air (asphyxie). À ce stade, il est fortement conseillé d’agir rapidement et de traiter le porc malade par injection avec un anti-inflammatoire et un antibiotique, et de l’isoler dans la mesure du possible.
L’hiver dernier, on a pu observer dans certaines fermes des signes cliniques similaires, comme de la toux creuse très caractéristique survenant assez subitement. On pouvait voir des porcs qui avaient de la difficulté à respirer (Figure 2) et avaient souvent la bouche grande ouverte; dans certains cas, une augmentation de la mortalité sur une courte période était notée. On retrouve généralement ces signes cliniques lorsqu’on fait face à un problème de trachéite. Un épisode peut durer de 5 à 10 jours. Lorsque la trachéite s’attaque à des porcs qui sont en fin d’engraissement, on peut atteindre entre 1 % et 3 % de mortalité si les animaux ne sont pas traités.
Parfois, d’autres infections que la trachéite ressortent en même temps dans le troupeau, par exemple l’influenza ou des microbes comme le mycoplasme, mais elles ne sont pas systématiquement reliées. Toujours l’hiver dernier, plusieurs élevages ont eu des cas de trachéite sans que d’autres infections n’aient été trouvées chez les animaux affectés.
Bien que la cause de la trachéite ne soit pas connue, un effet saisonnier est observé; elle est vraisemblablement associée tout au moins en partie aux variations de température trop drastiques.
À l’automne et au printemps, les porcs sont plus sensibles aux écarts de température. Lorsque la température monte le jour, on a tendance à vouloir donner de l’air en ouvrant davantage les entrées d’air… alors que souvent, les nuits sont encore froides. Au contraire, de peur que les porcs aient froid, on peut ne pas provoquer assez de déplacements d’air et se retrouver avec beaucoup de poussière dans les chambres ou un niveau d’humidité trop élevé. Il faut garder en tête qu’on doit minimiser les écarts et éviter que les porcs reçoivent directement de l’air froid sur le dos.
En somme, quand on entend de la toux dans un élevage, l’important est d’identifier les animaux affectés et de les traiter adéquatement. Il suffit parfois de quelques interventions individuelles pour atténuer les symptômes. Offrir un environnement adéquat contribuera également au bien-être des animaux. Parlez-en à votre conseiller et votre vétérinaire; ils peuvent vous aider à détecter les signes de trachéite et ce dernier saura identifier le traitement adapté à votre situation.
Références : P. Candotti et al., Necrotizing Tracheitis, SHIC Tracheitis Webinar (avril 2020).