LUC SIMARD
Négociant en grains
Agri-Marché inc.
ELENA ROUMELIOTIS
Adjointe commercialisation des grains, Agri-Marché inc.
Ce qui devait n’être au départ qu’une activité d’appoint est devenu une véritable entreprise familiale pour les Van Tassel. Découvrons ensemble l’histoire d’une passion qui se perpétue de père en fils depuis trois générations dans le monde des grandes cultures.
C’est après la Deuxième Guerre mondiale que M. Kenneth Van Tassel quitte la Nouvelle-Écosse pour la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean en vue d’y travailler pour l’entreprise Price Brothers and Company, un moulin de pâtes et papiers. Le 5 septembre 1973, il décide d’acheter le premier bout de terre de la famille dans le village d’Hébertville. Il s’agit d’une petite ferme de 125 acres cultivables qui compte 28 vaches. William Van Tassel, le propriétaire actuel, prend la relève de la ferme en 1980, suivi en 1987 de son épouse Huguette Larouche qui devient elle aussi actionnaire. Leur fils Dave obtient son diplôme technique en Gestion et technologies d’entreprise agricole au Collège d’Alma en 2001 et devient actionnaire de l’entreprise familiale en 2007.
GRANDES CULTURES
La culture des céréales et les principes de l’agriculture durable se sont imposés dès le début de l’aventure. C’est pour cette raison que les propriétaires ont opté pour une rotation des champs sur une superficie de maintenant plus de 400 hectares. Ainsi, ils cultivent le canola, le maïs, le blé panifiable, le soya et l’orge brassicole. C’est certainement ce qui amène l’entreprise à prospérer et surtout à se démarquer.
Chaque année, on y cultive en moyenne :
• Entre 100 et 120 acres de maïs
• Entre 225 et 300 acres de soya
• Entre 225 et 300 acres de canola
• Plus ou moins 350 acres de blé et d’orge brassicole
Dans un souci de rendement et d’efficacité, les propriétaires ont choisi d’effectuer une rotation annuelle sur quatre ans. Celle-ci permet de couper le cycle des maladies et améliore la santé des sols. Une culture intercalaire est privilégiée depuis quelques années pour le maïs et depuis 2020 pour le canola. Ce type de culture augmente la diversité du système et améliore l’utilisation de ressources comme la lumière. Cette pratique contribue à éliminer les mauvaises herbes et à multiplier les chances de pouvoir réduire l’application d’engrais et d’herbicides. La culture intercalaire permet aussi de minimiser le risque de graves problèmes en matière de parasites et de maladies. Lorsqu’un champ comporte deux cultures ou plus, les parasites et les microbes pathogènes risquent d’avoir plus de difficulté à trouver les plantes qu’ils préfèrent manger ou infecter.
UNE RÉGION PROPICE À LA CULTURE DU CANOLA
Le mot canola provient de la contraction de « Canadian oil », afin de le distinguer du colza traditionnel qui fait également partie de la famille des crucifères. Depuis un peu plus d’une vingtaine d’années, la culture de cet oléagineux a pris de l’expansion dans la région, jusqu’à compter maintenant pour environ 35 % de la production annuelle au Québec. Le climat frais favorise sa croissance. C’est en optant pour la formule d’alternance des cultures citée précédemment qu’on réussit à briser le cycle des maladies et à améliorer la santé du sol.
Le canola a un effet bénéfique sur les sols et la culture qui suit. Bon an mal an, la production moyenne de canola de la Ferme Van Tassel tourne autour de 1 à 1,4 tonne de rendement à l’acre. Il s’agit d’une culture qui est généralement rentable, même quand les prix des grains fluctuent à la baisse. Un de ses grands avantages est qu’on réussit à aller chercher son coût de production sur les marchés, contrairement au cas des petites céréales.
En plus de produire de l’huile pour la consommation humaine, le canola fournit également des tourteaux pour les animaux ainsi que de la matière première pour les biocarburants, notamment le biodiésel produit au Canada.
AUTONOMIE SUR LA FERME
Père et fils travaillent dur à la ferme tout au long de l’année. C’est ce qui les rend autonomes pour chaque aspect de la production du grain, qu’il s’agisse de machinerie, de séchage du grain ou d’entreposage.
Comme nous l’expliquaient William et Dave lors de notre visite, ils sont maintenant bien équipés en machinerie pour effectuer tout le travail à la ferme, ce qui leur permet également de faire du forfait pour d’autres cultivateurs de la
région. À l’automne, le sol n’est pas travaillé en vue de prévenir l’érosion et de laisser la nature faire son oeuvre. Lorsque la saison des récoltes se termine, père et fils s’affairent donc aussitôt à l’entretien et à la réparation de la machinerie pour la saison des semences qui suivra.
Notons que les propriétaires possèdent un séchoir à grain TopDry avec brûleur de 9 600 000 BTU qui permet de sécher le grain en continu. Les Van Tassel sont également indépendants en matière d’entreposage du grain de leurs récoltes, le séchoir et le silo de réception offrant une capacité totale de 2 400 tm.
UN ENGAGEMENT AU NOM DES PRODUCTEURS DE GRAINS
William Van Tassel s’implique depuis plusieurs années auprès de divers comités agricoles. Il était dès 1990 administrateur du Syndicat des producteurs de cultures commerciales du Saguenay–Lac-Saint-Jean, et il occupe depuis 1996 le poste de président de ce syndicat spécialisé maintenant connu sous le nom de Producteurs de grains du Saguenay–Lac-Saint-Jean. M. Van Tassel est aussi depuis un peu plus d’un an le premier vice-président des Producteurs de grains du Québec. Cet organisme représente un peu plus de 11 000 exploitations familiales à travers la province de Québec et près de 100 000 producteurs au Canada auprès du gouvernement et des députés à Ottawa.
L’ORDRE NATIONAL DU MÉRITE AGRICOLE
La Ferme Van Tassel a eu l’honneur de se classer à deux reprises, soit en 2014 et en 2019, parmi les cinq premières positions de la catégorie OR de l’Ordre national du mérite agricole pour la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
RECHERCHE ET IMPLICATION AGRICOLES
La Ferme Van Tassel a été site officiel de 1999 à 2019 pour les Réseaux des grandes cultures du Québec. Cet engagement s’avère très utile aux producteurs et collaborateurs