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CONGRÈS EN SCIENCES AVICOLES 2020 : POPULAIRE MALGRÉ LES CIRCONSTANCES

by Mégan Marchand
2 min.
karine

KARINE VALIQUETTE, M. Sc., agr.
Experte en nutrition avicole
Agri-Marché inc.

En juillet dernier, un peu plus de 1 000 intervenants en aviculture provenant de 47 pays se sont réunis sur une plateforme virtuelle dans le cadre de l’un des plus importants congrès en sciences avicoles au monde. Cet événement, organisé par l’association nord-américaine des sciences avicoles (PSA – Poultry Science Association), permet la transmission des connaissances acquises par la recherche à l’industrie avicole. Au cours des trois jours du congrès, sept symposiums présentés en direct et des résumés de recherches scientifiques ont permis aux participants d’approfondir plusieurs notions en sciences avicoles et de prendre connaissance des résultats des plus récentes recherches.

LE CONGRÈS ANNUEL DE LA PSA

Le programme du congrès comportait 304 résumés de recherches scientifiques présentés sous forme d’affiches ou de présentations orales préenregistrées sur YouTube. De plus, les participants ont pu assister à des conférences présentées en direct par des experts de renommée. Les participants ont passé en moyenne plus de 22 heures sur la plateforme virtuelle lors du congrès et puisque tout le contenu était en ligne, ils ont eu accès aux résumés scientifiques et conférences pendant un mois suivant sa tenue. Divers sujets ont été abordés dont la recherche en situation commerciale, le contrôle de la qualité des ingrédients et produits finis, la santé de l’ossature, la reproduction, l’immunité, les maladies, la régie, la génétique, la transformation de la viande, la biosécurité, le bien-être animal et bien évidemment la nutrition.

QUELQUES FAITS SAILLANTS

La première étude ayant attiré mon attention présentait l’impact de la densité d’élevage et de l’enrichissement de l’environnement sur la performance du poulet de chair. Avec l’arrivée de la pandémie, nous avons vu les densités d’élevage être réduites dans les poulaillers à cause de la baisse de consommation de poulet. Bien qu’on se doute que ce changement de densité ait eu un impact sur les performances, cette étude nous a permis d’en chiffrer les effets. L’essai, qui se déroulait en Virginie, comparait une densité élevée de 40 kg/m2 et une faible densité de 20 kg/m2. Les résultats ont démontré que les poulets ont mieux performé lorsque la densité d’élevage était faible. En effet, à 50 jours d’âge, les poulets ont obtenu un poids 11 % plus élevé et une conversion alimentaire 6 % plus basse avec la faible densité qu’avec la haute densité d’élevage. Bien que les densités évaluées et l’âge à l’abattage ne correspondent pas à ceux du marché québécois, on peut tout de même en déduire que la densité impact les performances et donc les revenus. L’autre volet exploré dans le cadre de cette étude, dont l’objectif primaire était d’améliorer le bien-être des poulets, était l’enrichissement de l’environnement. Les parquets qui avaient été enrichis contenaient une zone de repos avec des perches et une zone de confort avec un bain de poussière et des jouets, tandis que les parquets non enrichis ne contenaient que des mangeoires et abreuvoirs. Les résultats démontrent que l’environnement enrichi n’a eu aucun effet sur les performances des poulets, et donc que le bien-être des poulets pourrait être amélioré sans impact négatif sur les revenus.

Le deuxième sujet digne de mention concerne la production de poules pondeuses. Deux des sept symposiums portaient sur l’industrie de la production d’œufs et l’une des conférences dressait un portrait du marché mondial de l’œuf et de son évolution causée par les nouveaux consommateurs. Globalement, le nombre de poules en cages est en baisse depuis 2012, et ce, dans une grande majorité de pays dont le Canada. Ce changement dans l’industrie est directement lié aux consommateurs, qui ont de nouveaux critères d’achat dont le bien-être animal. En effet, alors que les facteurs traditionnels influençant les achats étaient le prix, le goût et la facilité d’accès, de nouveaux facteurs tels que la composition de l’aliment, une liste d’ingrédients courte, la santé, les méthodes d’élevage, le matériel d’emballage, la production de déchets alimentaires et le bien-être animal ont fait leur apparition. Néanmoins, il semble que les nouveaux consommateurs représentent une occasion d’augmenter la part de marché des œufs. Alors que son contenu en cholestérol inquiétait en 1999, l’œuf est aujourd’hui considéré comme un aliment santé. Une étude publiée en 2017 menée en Équateur sur des enfants âgés de 6 à 9 mois comparait l’état de santé d’enfants ayant consommé 1 œuf par jour pendant 6 mois ou aucun œuf. Les résultats ont démontré que la consommation journalière d’un œuf a réduit significativement la prévalence de retards de croissance (-47 %) et de poids insuffisant (-74 %) chez les enfants. L’œuf est non seulement un aliment santé, mais il peut répondre aux exigences des nouvelles générations de consommateurs comme la composition, la liste d’ingrédients ainsi que le bien-être animal. Les nouveaux consommateurs influencent donc le marché et les pratiques agricoles, mais représentent aussi une belle occasion d’affaires si l’industrie s’adapte et fait bien la promotion de son produit.

Plusieurs conférences et résumés scientifiques présentaient des résultats de recherches en nutrition sur tous les types de volailles. En somme, les chercheurs ont continué d’acquérir de nouvelles connaissances sur les besoins en acides aminés des différentes volailles grâce à l’arrivée sur le marché d’acides aminés synthétiques abordables pour l’industrie. Plusieurs présentations avaient comme sujet les vitamines, mais surtout les minéraux tels que le calcium et le phosphore qui sont encore en 2020 des sujets grandement étudiés. De plus, plusieurs résultats de recherches sur des additifs de l’industrie avicole ont été présentés, particulièrement ceux pouvant remplacer les antibiotiques.

Le congrès 2020 de la PSA, qui se déroulait pour la première fois sur une plateforme virtuelle, passera à l’histoire non pas à cause de son assistance ou de son nombre record de présentations, mais plutôt grâce à la capacité d’adaptation qu’elle a permis de déployer. Les conférenciers ont relevé de grands défis technologiques, comme plusieurs d’entre nous depuis le début de la pandémie. Le nombre de participants et de résumés scientifiques était moins élevé que lors des années précédentes et le réseautage plutôt difficile à faire, mais le transfert du savoir a tout de même été possible et les intervenants de l’industrie ont pu actualiser leurs connaissances grâce aux organisateurs.

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