KATHLEEN GAUVIN-AUDET, agr.
Analyste grains et commodités
Agri-Marché inc.
Alors que l’été 2020 a été l’un des plus beaux depuis fort longtemps, rien ne laissait présager un automne pluvieux comme celui que nous avons connu. À l’inverse, des canicules à répétition jumelées à très peu de précipitations ont fait en sorte que les semences se sont terminées très tôt en mai.
RÉCOLTES DE CÉRÉALES
Les récoltes de céréales ont aussi débuté relativement tôt; dans certaines régions, les producteurs ont sorti leur moissonneuse-batteuse pour la première fois à la fin de juillet. Malheureusement, le temps sec que nous avons connu au cours des mois précédents a eu un impact négatif sur les récoltes de blé, d’avoine et d’orge. En effet, le poids spécifique des grains, entre autres celui de l’avoine et du blé, était très faible. Par exemple, l’avoine réceptionnée dans nos installations de Saint-Isidore en Nouvelle-Beauce était en moyenne de grade 3. Considérant les escomptes appliqués sur les grades 2, 3 et échantillon, il est certain que les producteurs étaient très déçus du revenu final que leur ont procuré leurs récoltes. De plus, en ce qui concerne les rendements, ils étaient de loin très décevants. Dans certaines régions, on parlait d’un rendement inférieur à 1 tm/acre pour les petites céréales. Plusieurs agriculteurs ont eu de la difficulté à remplir les contrats signés avec les centres de grains. Dans ces circonstances, deux solutions s’offraient aux fournisseurs de grains :
1. Rouler les soldes restants des contrats à la récolte suivante
2. Payer une pénalité ($/tm) sur le solde du contrat
C’est toujours du cas par cas mais dans la plupart des situations, les centres de grains sont compréhensifs envers les agriculteurs et tentent de trouver un arrangement. Voici un tableau récapitulatif des résultats obtenus du côté des grains réceptionnés à notre centre de grains de Saint-Isidore (résultats sur base tels quels).
Malgré les rendements faibles l’an dernier, la qualité était tout de même au rendez-vous. En ce qui concerne le blé panifiable, la récolte a été bonne. La plupart des voyages se classaient pour la consommation humaine. En effet, la protéine dans le blé était généralement excellente et beaucoup plus élevée que l’année précédente. Pour ce qui est des toxines, elles étaient très faibles dans la plupart des céréales. En ce qui a trait à l’avoine, le poids était plus léger l’an dernier, ce qui a fait en sorte que la céréale s’est majoritairement classée grade 3.
Concernant le séchage des petites céréales, on se rappelle qu’en septembre 2019, Agri-Marché avait subi un incendie à son centre de grains de Saint-Isidore, rendant le séchoir des petites céréales inopérationnel pour la récole entière. En début d’année 2020, l’entreprise a fait l’achat d’un nouveau séchoir de marque Strahl à la capacité de séchage de 50 tm/h. Ce dernier est d’ailleurs muni de deux cribles situés à l’entrée et à la sortie du séchoir. Cela permet d’avoir un grain plus propre et surtout de limiter les risques d’incendie. Malgré les contraintes liées à la COVID-19, la construction du séchoir s’est terminée à temps juste avant le battage des premières céréales. Puisque la structure était en fonction pour la première fois à l’automne, elle a nécessité plusieurs heures de calibrage et de tests mais somme toute, cela a été un franc succès.
RÉCOLTES DE MAÏS ET DE SOYA
Au moment d’écrire ces lignes, la récolte de fève de soya tire à sa fin alors que celle du maïs se poursuit. Contrairement à ce qu’il en est pour les petites céréales, le rendement est excellent dans la région de Chaudière-Appalaches. Certains producteurs affirment avoir atteint un rendement de plus de 2 tm/acre pour le soya et 4,5 tm/acre pour le maïs-grain.
En date du 1er novembre dernier, on pouvait dire que seulement 5 % de la fève et un peu plus de la moitié du maïs restaient à récolter. Les quelques précipitations de neige à la fin du mois d’octobre ont freiné plusieurs producteurs agricoles incapables d’aller aux champs. Toutefois, au début de novembre, nous avons pu bénéficier du phénomène météorologique qu’on appelle l’été des Indiens; des températures dépassant les 15 C ont permis aux agriculteurs d’avancer leurs moissons.
AVANCEMENT DES BATTAGES AU QUÉBEC
Maïs
Source : http://www.grainwiz.com/tgcq/bilan-des-cultures-2020
Fève
Source : http://www.grainwiz.com/tgcq/bilan-des-cultures-2020
En ce qui concerne la qualité des grains, elle n’a rien eu à envier aux récoltes de 2019. On se rappelle que 2019 a été catastrophique du côté du maïs et de la fève. Le maïs avait été classé majoritairement grades 4 et 5, et le rendement de la fève avait été médiocre (moins de 1 tm/acre) sans compter les nombreux cas de sclérotiniose dans cette dernière. Les acheteurs de maïs ont dû jongler toute l’année avec du maïs à escompter. Les producteurs vendeurs, eux, se sont par la bande retrouvés à devoir parfois vendre sous leur coût de production.
Toutefois, nous avons été heureux de constater que l’année 2020 a été beaucoup plus profitable pour tout le monde. Voici un tableau récapitulatif des résultats (sur base tels quels) obtenus quant aux grains réceptionnés humides à
Saint-Isidore.
On peut constater que le poids spécifique du maïs est de loin meilleur que l’année précédente. La majorité du maïs se classait grade 2 avec un poids moyen de 67,6 kg/hl. D’ailleurs, certains producteurs n’ont rien eu à envier au maïs américain en 2020, puisque leurs grains ont atteint des poids de plus de 70 kg/hl ! En ce qui a trait à l’humidité, la céréale était très sèche; nous avons même réceptionné du maïs dont l’humidité était inférieure à 20 %. Du côté des toxines, enfin, c’était aussi excellent !
Pour ce qui est de la fève, par ailleurs, la qualité était là aussi très bonne. Certains fournisseurs battaient parfois le grain à une humidité inférieure à 13 % ! D’ailleurs, 20 % des réceptions n’ont eu aucuns frais de séchage. Autre statistique intéressante, près de 50 % de la fève a été livrée à nos installations de Saint-Isidore avec une humidité inférieure à 15 %.
Maïs
– Un sommet a été atteint pour le maïs à la Bourse de Chicago avec une hausse de plus de 25 $US/100 bu. Celui-ci est passé de 4,92 $US/bu à 5,34 $US/bu.
– Le rendement américain a subi une baisse importante, passant de 175,8 bu/acre à approximativement 172 bu/acre.
– La production américaine a été estimée à 14,182 milliards de boisseaux comparativement à une estimation de 14,507 milliards, ce qui équivaut à une baisse de 0,325 milliards de boisseaux.
– L’Amérique du Sud a eu un rendement de 47,5 millions de tonnes métriques comparativement à une estimation de 49 tm, pour une baisse de 1,5 million de tm.
– Les stocks mondiaux se sont hissés à 11,322 milliards de boisseaux (estimation de 11,327), ce qui équivaut à une légère baisse.
– Les stocks américains ont été de 1,552 million de boisseaux comparativement à 1,702 million, ce qui correspond à une baisse de 0,15 million de boisseaux.
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